Après avoir conquis la Nouvelle Eve il y a quelques mois, Joséphine Baker, Le Musical revient sur les planches de Bobino pour quelques dates exceptionnelles. Dernière création de Jean-Pierre Hadida, le spectacle autobiographique met en musique la vie trépidante de la star mondialement connue. Retour sur une jolie production qui est peut-être passée à côté de son sujet.
Une belle histoire à raconter
Dans la continuité de Madiba, biopic musical autour de la vie de Nelson Mandela, Jean-Pierre Hadida a voulu raconter la vie d’un autre nom marquant dans l’histoire de la ségrégation raciale. Celui de Joséphine Baker, rentré au Panthéon en 2021, est une évidence tant sa vie est romanesque. Du Missouri sa terre natale à la France, pays qui tomba en amour pour la pétillante artiste, la proposition a le mérite de dresser un portrait juste et assez complet. Nous n’aurions pas été contre un peu plus de mises en situation et de sortie de route pour contrer une narration trop chronologique. Le récit a tendance à survoler les épisodes de vie qui perdent en signification comme sa présence dans la résistance ou l’adoption des 12 enfants de sa tribu arc en ciel.
Si on peut regretter un manque de créativité, des tableaux colorés appuient le sentiment d’immersion dans une époque très différente artistiquement. A la chorégraphie, Florie Sourice (Grease ; Grease is the Word) insuffle un peps bienvenu mais déprécié par le lieu d’accueil. Bien que Bobino et Joséphine Baker soient intimement liés (elle y fera sa dernière représentation grâce au soutien de la famille princière de Monaco), le choix du cabaret La Nouvelle Eve lors du lancement du spectacle nous paraissait plus opportun du fait de l’intimité créée naturellement par le lieu. Aussi, le décor essentiellement basé sur de la projection vidéo pouvait trouver preneur dans une petite salle, c’est moins le cas sur une plus grande scène, les espaces vides étant plus visibles.
Des artistes au service de l'HISTOIRE
Lauréate du Trophée de l’Artiste Révélation Féminine, Nevedya (actuellement à l’affiche de Holidays, Le Musical) porte le spectacle avec virtuosité. Elle fait partie de ces artistes qui font corps avec leur personnage et propose une partition sans concession. Outre l’énergie débordante, le mimétisme sans être caricatural est saisissant et contribue fortement à l’attention du public. En parallèle, les personnages entourant l’artiste, aussi importants qu’ils soient dans la narration perdent du crédit et en deviennent moins intéressants. C’est assez dommageable car les interprètes sont investis mais concourent principalement à mettre en lumière la chanteuse et rien d’autre.
Côté partition, nous prenons plaisir à réentendre des classiques comme “J’ai deux amours”, et des créations originales agréables à l’écoute. Seul musicien présent sur scène, Raphaël Bancou contrebalance l’effet lisse de la bande son, et apporte le caractère nécessaire au récit. Côté voix, rien à redire tant les différentes interprétations sont justes et maîtrisées. A souligner, les costumes flamboyants à l’image de la chanteuse, relevant l’esthétique mise de côté par le décors physique inexistant. Les 8 artistes occupent néanmoins la scène grâce à une dynamique collective très appréciable.
Malgré un format qui manque d’efficacité et a pu desservir un récit autobiographique très intéressant, Joséphine Baker, Le Musical reste un spectacle incontournable de cette fin d’année qu’il serait dommage de rater.
A vos réservations !