Grand classique de la comédie musicale, La Mélodie du Bonheur a bercé plusieurs générations grâce au célèbre film de Robert Wise avec Julie Andrews. Nous étions à l’Opéra de Massy pour le lancement d’une nouvelle création franco-belge qui a de sacrés atouts pour convaincre le public.
une histoire très connue... le spectacle un peu moins ?
Parmi les spectateurs qui se pressaient à l’Opéra de Massy en ce vendredi 17 décembre pour la première de La Mélodie du Bonheur, il était facile de repérer les habitués des lieux, sans doute plus fidèles aux grands airs d’opéra qu’à de la comédie musicale de Broadway. « Pourquoi les gens applaudissent à la fin de chaque chanson ? C’est idiot, on ne fait pas ça d’habitude ! » ; « C’est bizarre cette façon de parler français et de se mettre à chanter en anglais, où est la logique ? ». Sur ce dernier point, reconnaissons que nous avons aussi été surpris que nos voisins du public : le spectacle est en français, sauf les chansons, à l’exception du numéro « Do-Ré-Mi » et de sa reprise au 2e acte. Ce sont sans doute les séquences les plus réussies car s’intègrent bien dans l’intrigue et infusent beaucoup d’énergie et de sourires dans la salle.
Pour ceux qui connaissent par coeur l’histoire et les chansons, cette alternance anglais-français n’est pas tant un sujet, d’autant plus que les chansons sont sur-titrées. Le choix peut malgré tout paraître curieux pour cette production francophone qui a de sacrés arguments à faire valoir, avec d’excellents comédiens à l’affiche, aussi à l’aise dans l’interprétation que dans le chant avec Marina Pangos, géniale en Maria, mais aussi Gaétan Borg, David Jean et Marie Glorieux qui nous délivrent un superbe « How Can Love Survive ? » dans un anglais impeccable. Ce numéro n’est d’ailleurs pas dans le film de 1965 et c’est un plaisir de le découvrir dans sa version théâtrale. Marie-Catherine Baclin s’en sort aussi remarquablement bien dans le rôle de la Mère Abbesse, avec « Climb every mountain » qui est loin d’être le numéro le plus facile.
la fratrie Von trapp au diapason, et quel orchestre !
À l’instar de la production anglophone de The Sound of Music en 2009 au Théâtre du Châtelet, l’acte 1 bénéficie d’un ton très joyeux et enthousiasmant grâce aux numéros d’ensemble avec Maria et les 7 enfants du Capitaine Von Trapp. Lui qui était froid et distant avec eux, adepte avant tout de la discipline et de l’ordre, se met progressivement à ouvrir son cœur dans une atmosphère très touchante, qui se noircit dans l’acte 2 avec l’arrivée des Nazis. La réussite du spectacle doit beaucoup aux enfants : la qualité de leur chant et harmonies fait plaisir à entendre, avec une alchimie intéressante aux côtés d’artistes confirmés tels que Gaétan Borg et Marina Pangos (lauréats tous les deux d’un Trophée de la Comédie Musicale pour Exit en 2022).
Mise à part la lenteur des changements de décors et les quelques problèmes de micros rencontrés lors de cette première représentation, il y a beaucoup de points forts à souligner dans cette production de La Mélodie du Bonheur, avec notamment le remarquable orchestre mené par Daniel Glet (actuellement chef d’orchestre de Spamalot, en alternance avec Charlotte Gauthier). En l’absence de fosse à l’Opéra de Massy, les musiciens sont directement visibles sur scène, habilement intégrés dans le décor derrière un rideau représentant les montagnes autrichiennes. Ils font résonner avec ardeur la splendide musique de Rodgers & Hammerstein, jusqu’aux saluts et applaudissements mérités pour la troupe de 35 artistes et musiciens, rejoints sur scène par Johan Nus, co-metteur en scène avec Anne Richard.
Une production à découvrir absolument si vous avez l’occasion de vous rendre ce weekend à Massy ou de rallier la Belgique ou Vichy en janvier prochain !