Gaston Leroux est bel et bien l’écrivain français à la mode à Paris en 2016. L’auteur du roman Le Fantôme de l’opéra, voit cet été un autre de ses romans adapté en comédie musicale : La Poupée sanglante.
[Critique initialement publiée lors des précédentes représentations au Théâtre de la Huchette]
Ce roman, paru en 1924 sous forme de feuilletons quotidiens dans la presse, est constitué de deux volumes : la Poupée sanglante, et sa suite la Machine à assassiner. L’histoire est une des dernières écrite par Gaston Leroux et mêle à une base fantastique digne de Frankenstein des éléments d’enquête policière, de romance et d’humour.
Didier Bailly (qui a composé la comédie musicale La Guinguette a rouvert ses volets en 2004) et Éric Chantelauze (Fame, Monthy Python very very best of) ont adapté ce roman, où interfèrent une quinzaine de personnages, en comédie musicale pour 3 comédiens. Le résultat est un spectacle d’une heure trente détonnant d’énergie, de suspense et d’humour.
On retrouve plusieurs éléments chers à Gaston Leroux : une jeune et tendre jeune fille se prénommant Christine, comme dans plusieurs de ses romans ; un homme monstrueux hanté par sa laideur ; l’omniprésence de la science et des progrès techniques ; un soupçon de magie noire et de spiritisme ; et une enquête policière. Le public repère très facilement le passage d’un personnage à l’autre grâce à des petites subtilités dans les costumes, les coiffures, les accessoires. Cette rapidité dans les changements ajoute un trait d’humour au comique déjà présent dans le texte de l’oeuvre. On retrouve également quelques éléments chorégraphiques classiques du style des grandes comédies musicales, tels qu’une scène de danse orientale ou encore une scène de claquette, brillamment exécutée par Édouard Thiébaut. Ces scènes interprétées dans l’intimité de la petite salle du Théâtre de la Huchette d’environ 80 places, ajoutent au charme de ce musical par la proximité que le public trouve avec les trois comédiens.
Accompagnés au piano par Didier Bailly, le compositeur lui-même, les trois comédiens nous charment par le jeu, le chant et la danse avec chacun un univers un peu spécifique : Charlotte Ruby qui nous ravit dans la légèreté et la gouaille parisienne, Alexandre Jérôme qui mène la dimension comique du spectacle, et Édouard Thiébaut qui nous envoûte dans le mystère de ses personnages. La Poupée sanglante, avec cette alchimie qui nous a réellement séduite, promet d’être un succès de l’été à ne pas louper !