Musical Avenue a eu la chance d’assister à la première représentation du rock opéra La Révolution française le 3 mai au 13ème Art. La musique en live et les performances vocales nous ont transportés aux portes de la Bastille !
Avant 1789, les amants de la Bastille, avant Les Misérables, avant Starmania, il y a eu… La Révolution française, le premier opéra rock français qui a ouvert la voie à beaucoup d’autres. A l’origine de ce spectacle : un album, écrit et composé en 1973 par Alain Boublil, Claude-Michel Schönberg, Raymond Jeannot et Jean-Max Rivière autour d’un des tournants de l’histoire française dans une ambiance rock des années 1970. Un succès inattendu de l’album et une annulation dans le programme du Palais des Sports permettent la naissance sur scène de l’opéra-rock, avec une distribution cinq étoiles : Alain Bashung, Daniel Balavoine ont partagé la scène avec les auteurs du spectacle : Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg eux-mêmes en Robespierre et Louis XVI.
50 ans plus tard, un producteur se lance dans le formidable projet de faire renaître le spectacle dans une nouvelle mise en scène. La semaine dernière, Musical Avenue a eu la chance d’assister aux dernières répétitions du spectacle, l’occasion de revenir sur la genèse de ce projet de recréation dont vous pouvez lire tous les détails ici.
Une fresque historique
Le livret d’Alain Boublil et Jean-Max Rivière – quoi que léger – est construit comme une grande fresque historique, et illustre les grands moments de La Révolution française : la prise de la Bastille, la marche des femmes vers le château de Versailles, la Déclaration des droits de l’Homme, l’exécution de la reine et du roi, ou encore l’assassinat de Marat. A la grande Histoire se mêle l’histoire individuelle du révolutionnaire Charles Gauthier et de l’aristocrate Isabelle de Montmorency. Cette histoire secondaire, censée constituer un fil rouge pour relier les tableaux et aider l’identification du public aux personnages, s’intègre pourtant maladroitement à la narration, et on oublie souvent le couple d’amoureux derrière les rebondissements historiques.
Chaque tableau représente ainsi une étape de la Révolution française, et permet la création d’une fresque historique que le spectateur suit dans l’ordre chronologique, distinguant deux parties : le premier acte, de la Révolution glorieuse et pleine d’espoir, et le second acte sur la période plus sombre de la Terreur.
Les personnages historiques présents sur scène ont chacun joué un rôle important dans la Révolution française, depuis Robespierre à Danton, de Charlotte Corday à Olympe de Gouges. Cette nouvelle production accorde d’ailleurs une place plus importante aux femmes que dans la production de 1973, avec, en particulier, l’introduction du personnage de Marianne. Pourtant, ces personnages ne sont pas clairement définis dès le début du spectacle, une minorité seulement est présentée et nommée explicitement, ce qui peut créer de la confusion et une perte du fil de l’histoire.
costumes colorés et immersifs
Malgré quelques problèmes de sonorisation et de balances, le rythme et les paroles de la chanson « Français« résonnent encore dans les têtes après la fin de cette première représentation du spectacle. Il faut dire que la partition de Claude-Michel Schönberg et Raymond Jeannot regorge d’airs mémorables aux sonorités rock et de belles harmonies. Pour cette production au 13e Art, la grande formation orchestrale du Palais des Sports laisse la place à un groupe plus réduit de musiciens-acteurs dirigés par Raphaël Sanchez. Le metteur en scène Ned Grujic a eu la belle idée de les placer au centre de la scène et de les intégrer pleinement à la narration, chacun jouant un second rôle. On n’est notamment pas prêt d’oublier la talentueuse performance d’un Robespierre bassiste débordant de charisme.
Car la véritable force de ce spectacle, ce sont ses interprètes. Une trentaine d’artistes occupe la scène du 13ème Art sous les couleurs du drapeaux français, ne sortant quasiment pas de scène pendant 1h30. Ils excellent au chant et dégagent une énergie folle, communicative avec le public, dans une mise en scène, qui se veut immersive, mais ne parvient pas à totalement les exploiter.
Certains tableaux sont légèrement dansés, mais les pas sont basiques et répétitifs. Ils n’apportent pas l’effet escompté qu’on pourrait attendre d’une comédie musicale. Les costumes de Magali Perrin-Toinin sont, quant à eux, parfaitement dans le thème, colorés et dans un style résolument historique, dans toutes les nuances du bleu, blanc et rouge. C’est notamment grâce à eux que l’on distingue les personnages : les nobles, les membres du clergé, les citoyens révoltés.
Proximité avec le public
Initialement imaginée pour être créé dans un autre lieu (le Réfectoire des Cordeliers), cette production voit finalement le jour dans une salle plus classique. On sent cependant que le metteur en scène a voulu recréer l’atmosphère immersive souhaitée pour le projet. Les allées et venues des artistes entre les sièges des spectateurs créent une proximité et de l’interaction avec le public, qui correspond tout à fait à l’essence même de cette comédie musicale. L’énergie véhiculée est communicative, mais l’immersion aurait pu être encore plus favorisée afin que le public ressente le sentiment de participer à cette grande Révolution ! L’espace scénique est très bien occupé par l’ensemble de la troupe, les tableaux s’enchaînent rapidement et il n’y a pas de temps morts.
toutes les musiques jouées en live
La scénographie cependant, n’est pas tout à fait à la hauteur du spectacle. On regrette la pauvreté des lumières partageant la scène entre un côté rouge et un côté bleu sans réelle adaptation selon les propos des chansons. La structure en bois placée en milieu de la scène évoque le Réfectoire des Cordeliers, lieu de rassemblement des révolutionnaires, sans être vraiment utilisée par les interprètes. Cette structure est équipée, de part et d’autre, de voiles qui permettent l’apparition de nouveaux personnages, apportent un dynamisme au spectacle et une spatialisation de la narration. Un système de projection sur ces voiles permet de contextualiser les différents tableaux, notamment pour un public non historien, mais ce dernier se retrouve rapidement perdu lorsqu’il ne parvient pas à déchiffrer les textes projetés en petite police trop rapidement avant chaque chanson.
Révisez vos cours d’histoire et rendez-vous au 13e Art ! La Révolution française est une comédie musicale à voir pour ses chansons puissantes, que l’on réécoute ou découvre avec le bonheur de se laisser bercer par de la musique live. Si la mise en scène peine à lier de manière fluide les chansons et créer une réelle narration, elle réussit cependant à mettre en avant les musiciens et interprètes du spectacle, une troupe dynamique qui chante merveilleusement bien une partition que l’on a plaisir à redécouvrir dans cette nouvelle orchestration !
