Depuis le 28 septembre, le Théâtre Montparnasse nous invite à découvrir un spectacle touchant et virtuose dans lequel se confondent l’histoire d’un destin, celui de Georges Cziffra, l’un des plus grands pianistes du 20e siècle et l’histoire d’une destinée, celle de Pascal Amoyel, pianiste de renommée internationale, interprète et créateur de ce spectacle.
À la découverte de Georges Cziffra
Quelques minutes avant d’entrer sur scène, Pascal Amoyel retrouve en ouvrant une partition une enveloppe adressée au 16 rue Ampère à Paris. Il s’agit de l’adresse où Cziffra et lui-même résidèrent. À partir de là, comment ne pas croire au coup de pouce du destin, le hasard est trop beau ! Dès lors, Amoyel entraine son public dans ses souvenirs. Il raconte ses premières rencontres avec Cziffra, son « maître », et nous plonge dans la vie incroyable de ce fabuleux pianiste hongrois. Amoyel en deviendra à 13 ans l’un des rares élèves grâce à la Fondation Cziffra.
D’un virtuose à l’autre, les histoires se mélangent. En se confondant avec Cziffra, Amoyel nous offre l’opportunité de mieux connaitre et comprendre ce musicien de génie.
Né à Budapest, il donne ses premières représentations à l’âge de 5 ans dans un cirque. Dès ce très jeune âge, il ne vivra plus qu’à travers sa musique. Pourtant il devra s’arrêter de jouer quelques années, les affres de la seconde guerre mondiale l’en empêcheront. Lui qui a tant impressionné par sa technique et son interprétation des œuvres de Liszt ou de Chopin ne veut pas parler de virtuosité, mais juste d’une « souplesse » avec laquelle il est né et surtout de beaucoup, beaucoup d’heures de travail !
Le pianiste Alfred Cortot disait de lui « comme virtuose il a une expérience de 300 ans et au milieu de ça une âme d’enfant ».
Cziffra ressuscité le temps d’un spectacle
C’est aussi grâce à cette âme d’enfant qu’Amoyel nous transmet dans son spectacle cette immense tendresse qui nourrit toute son interprétation. Les morceaux sont joués avec intensité doublée d’une infinie délicatesse comme pour raviver et chérir la mémoire de ce grand pianiste. Pascal Amoyel nous laisse sans voix à maintes reprises, ses mains volent et virevoltent au dessus du piano, l’artiste et son instrument fusionnent à chaque note. On retient, entre autres, ses revisites du célèbre thème « Happy Birthday to You » à la manière de pianistes de légende tels que Strauss, Beethoven, Rachmaninov ou encore Mozart. Une démonstration brillante qui nous raconte les débuts de Cziffra dans des bars de Jazz.
La beauté du spectacle ne réside pas seulement dans la musique. Les mélodies sont complétées par une très jolie scénographie où chaque lumière confère au tableau une atmosphère mystérieuse et magnétique.
Que l’on soit mélomane ou non, il est impossible de ne pas tomber sous le charme de ce doux spectacle. Pascal Amoyel est aussi doué pour la musique que pour nous conter des histoires, comme aujourd’hui, celle si émouvante de ce très grand monsieur Cziffra, surnommé le pianiste aux cinquante doigts.