200.000, c’est le nombre de billets qui ont déjà été vendus en un tout petit mois pour Le Roi Lion, le musical au Théâtre Mogador. Une sacrée performance à l’heure où la 5ème vague de COVID-19 bat son plein et menace toujours plus les lieux culturels. Cette production 2021 est remarquable en tous points, à voir absolument cette saison !
Un coup de projecteur étincelant pour l’industrie de la comédie musicale en France
Le Roi Lion, le musical avait remporté un succès critique et commercial retentissant en 2007, avec près de 1,5 millions de spectateurs sur une durée de 3 saisons. Adapté du spectacle de Broadway né en 1997, il avait beaucoup marqué les esprits en France dans une période où le paysage de la comédie musicale était bien différent. A l’époque, il y avait encore peu d’écoles de formation de comédie musicale, et le public français était plutôt fervent de grands spectacles musicaux tels que Roméo & Juliette ou Notre Dame de Paris avec des tubes diffusés en boucle sur les radios et à la télévision.
L’arrivée à Paris du Roi Lion, le musical, produit par Stage Entertainment, avait permis de mettre en lumière toute une industrie et des métiers habituellement peu évoqués comme les costumiers, marionnettistes ou encore musiciens d’orchestre, sans oublier les artistes « triple threats » (chant, danse, théâtre). Depuis, presque 14 ans se sont écoulés et le constat est le même avec cette nouvelle production du Roi Lion, le musical : quelle pépite, quelle fierté pour le genre de la comédie musicale en France !
Un spectacle de Broadway ficelé pour toute la famille et empli de poésie
En 2007, nous avions déjà été époustouflés par la mise en scène, les décors, les costumes et marionnettes, les lumières ou encore la musique (lire notre critique) : c’est encore une fois le cas en 2021, avec des scènes à couper le souffle, telle la scène d’ouverture du Cercle de la Vie, celle du deuil avec les lionnes ou encore ce moment terrible avec les gnous et le meurtre qui s’ensuit. Bien que d’une durée de presque 2h30 (entracte comprise) qui peut paraître long pour des enfants, Le Roi Lion, le musical fascine et émerveille petits et grands.
Les danses et chants traditionnels inspirés d’Afrique du Sud, la musique de Hans Zimmer et les arrangements musicaux donnent une ampleur poétique à ce spectacle qui est très riche en comparaison avec le dessin animé d’origine de Disney. L’ajout de nouvelles chansons devenues depuis cultes (« Il vit en toi » ; « Terres d’Ombre ») offre aussi de la profondeur aux personnages et accentue la part émotionnelle du spectacle.
Une adaptation française modernisée, avec une distribution impeccable
Ce qui nous avait gêné il y a plus de 10 ans dans la production française d’origine ? Les performances très moyennes et un peu forcées des très jeunes Simba & Nala et du personnage principal de Simba, qui nous avaient laissés de marbre. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse : les interprètes de Simba et Nala enfants (dommage, nous n’avons pas leurs noms et prénoms pour les citer !) nous ont pleinement convaincus. Gwendal Marimoutou (Résiste ; Madiba), qui a d’ailleurs appris le chant, la danse et le théâtre auprès de la Lion King School à l’âge de 12 ans, est un Simba adulte empli de charme et d’insouciance aux côtés de ses amis Timon & Pumbaa (interprétés par le duo génial Alexandre Faitrouni -Rodrigue Galio). Son interprétation superbe de la chanson « Endless Night (Nuit sans fin) », toute en vulnérabilité et en puissance, est un des moments forts du spectacle.
Sa partenaire Cylia (The Bodyguard), qui interprète Nala, n’est pas en reste. Même si on la voit relativement peu, elle irradie la scène de sa présence et délivre un superbe « Shadowland » (« Terres d’ombre »). Saluons aussi la prestation d’Olivier Breitman (Hôtel des Roches Noires), de retour dans le rôle de Scar. Il continue de nous bluffer avec sa délicieuse interprétation du frère de Mufasa et une séquence magistrale sur la chanson « Soyez prêtes ». A l’applaudimètre du public, c’est pourtant Ntsepa Pitjeng (Rafiki) qui l’a emporté haut la main : elle est d’ailleurs l’une des rares à avoir joué le rôle du babouin en plusieurs langues et dans plusieurs pays. Une référence internationale !
Tous les titres et textes des chansons du dessin animé ont d’ailleurs pu être repris à l’identique, ce qui n’avait pas été le cas en 2007 (on se souvient tous du « Je veux super vite être Roi » au lieu du classique « Je voudrais déjà être Roi »). Les textes adaptés par Stéphane Laporte (Exit ; 31) ont aussi été modernisés avec quelques références plus actuelles, de la mention de Twitter à un clin d’œil à La Reine des Neiges, en passant par des expressions de langage qui parleront aux générations actuelles (« relou »,…).
De l’énergie et de l’optimisme qui tombent à pic !
L’énergie délivrée par l’ensemble et les musiciens emmenés par le chef d’orchestre et directeur musical Dominique Trottein est à saluer : on se surprend plusieurs fois à détourner le regard de l’histoire et des personnages principaux pour se délecter des sourires et de l’enthousiasme dégagé par chacun de ces artistes, tout en s’émerveillant des décors et jeux d’ombres et de lumières qui égayent chaque tableau.
Vous l’avez compris, nous avons été épatés par cette reprise du Roi Lion, le musical qui nous a offert de l’émotion et de l’émerveillement ; une soirée hors du temps et loin, très loin, de nos préoccupations et soucis du quotidien. Hakuna Matata !
