Un spectacle immersif
Le spectacle était attendu par toutes les générations. S’il s’adresse principalement aux enfants, les adultes sont aussi curieux de retrouver leur héros d’enfance sur scène. Tous les personnages principaux sont présents : les enfants Esteban, Zia et Tao bien sûr, Mendoza (interprété par Sébastiao Saramago (We Will Rock You, Le Livre de la Jungle, les secrets de Barbe Bleu, Siddhartha) le duo comique Sancho et Pédro (par Romain Tomas et Olivier Grandclaude, respectivement formés à l’ECM de Paris et au Cours Florent), mais aussi les Olmèques, astucieusement intégrés. Et bien sûr, comme nous l’avait annoncé Nicolas Nébot, le perroquet…Non pardon, le cacatoès Pichu, qui accompagne les héros sur scène.
Si les connaisseurs pourront noter les libertés prises par rapport à la série originale, les jeunes spectateurs sont emportés par l’histoire. L’attention portée aux costumes et les jeux de lumières contribuent au déroulé narratif. Nous sommes plongés dans le dessin animé de notre enfance, l’identité visuelle étant bien respectée.
La maitrise de la scène
L’énergie des enfants sur scène est indéniablement l’une des forces de cette création. Les visuels sont soignés, notamment par l’utilisation d’images projetées sur deux niveaux de profondeur, permettant ainsi de passer aisément d’une taverne au navire Solaris, ou de la jungle péruvienne au temple olmèque. Même si ces changements ne sont pas toujours appuyés par une bande sonore, les chansons principales sont distribuées entre les personnages pour animer le récit. Le tableau d’ouverture, ou encore la chanson interprétée par les trois enfants captivent le public ; leur performance doit être saluée puisqu’ils tiennent à eux seuls la scène sur cette mélodie.
On regrette toutefois quelques irrégularités narratives, laissant le spectateur avec ses interrogations. La qualité des deux parties se révèle finalement assez inégale, caractérisée par le manque de chansons et de cohérence dans la seconde partie. La faiblesse est peut-être d’avoir trop misé sur le succès populaire du dessin animé et d’avoir donc omis certaines transitions dans le récit et la quête des héros. Plusieurs éléments et objets structurant et donnant du sens à l’histoire (comme le vase de Tao par exemple) ne sont pas assez mis en valeur. La deuxième partie, marquée par l’arrivée des Olmèques, vient rompre le rythme. La mise en scène reste soignée, mais la multiplication de personnages a tendance à complexifier l’histoire, pouvant perdre certains spectateurs ou les enfants. Le dénouement est porteur de beaux messages, mais la rapidité ne permet pas d’en apprécier l’intensité ou de se laisser pleinement envahir par l’émotion.
A la croisée des arts de la scène
Si l’on s’éloigne assurément des codes de la comédie musicale classique, ce spectacle ne peut laisser indifférent le public, qui prendra plaisir à entonner, lors de la scène finale, le générique iconique des Mystérieuses Cités d’Or. Le jeune public s’identifie aux héros, et s’initie par la même occasion au genre du spectacle musical. La production fait indéniablement appel à l’enfant en chacun de nous, surfant sur la nostalgie créative et optimiste des années 1980. Certes, quelques maladresses et longueurs pèsent sur le déroulé. Mais l’on retient surtout la prestation juste et convaincante du trio principal constitué par trois jeunes artistes, investis et prometteurs, et généralement de toute la troupe
Le choix d’Igor de Chaillé de mettre en scène la série des Cités d’Or est judicieux, moderne et en adéquation avec les préoccupations sociétales actuelles. Alors, si vous vous sentez l’âme d’un enfant du soleil, prenez votre envol à bord du grand condor en direction du Théâtre des Variétés. Vous avez jusqu’au 06 mars 2022 !