Six ans après son dernier passage dans la métropole québécoise, la comédie musicale Les Misérables est de retour à Montréal pour quelques dates exclusives avant de prendre le chemin d’Ottawa dans le cadre de sa tournée nord-américaine. Alors que ce spectacle culte s’apprête à revenir en France dès le mois de novembre dans sa version française, demeure-t-il un incontournable ?
Un spectacle toujours aussi couru
Depuis ses débuts à Londres en 1985, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. D’innombrables productions ont vu le jour, de nouvelles technologies aussi. Pourtant, après toutes ces années, le spectacle continue d’attirer les foules et reste l’une des comédies musicales les plus populaires à travers le monde. Vu par plus de 130 millions de personnes dans 53 pays et 438 villes, Les Misérables a été joué dans 22 langues.
C’est peut-être sa réputation qui le précède. Ou encore le fait qu’il met en scène une période charnière de l’histoire française. Est-ce en raison des thèmes qu’il aborde ou de sa poignante musique ? Une chose est sûre : la mayonnaise prend.
Rares sont les comédies musicales qui traversent l’épreuve du temps. Celles dans lesquelles on peut se replonger, comme si on les découvrait pour la première fois. Pour Les Misérables, c’est sans conteste le cas, surtout que la pièce a été dépoussiérée dès 2009 par Cameron Mackintosh, lui insufflant une seconde vie.
Une œuvre éblouissante
Ce nouveau souffle se ressent particulièrement dans la scénographie actualisée qui permet de s’immerger complètement dans la réalité du dix-neuvième siècle, où la destinée d’un bagnard devenu maire se mêle à celles de plusieurs personnages qui luttent pour leur survie dans une France où règnent les inégalités. Entre les combats moraux de Jean Valjean et le rêve d’un nouveau pays, les thèmes épiques du célèbre roman de Victor Hugo sont transposés dans d’impressionnants tableaux. En plus des tours composant le décor, des projections cinématiques et des effets spéciaux surprenants rehaussent la pièce pour la rendre criante de vérité. Les égouts parisiens et les ponts de Paris sont notamment très bien recréés dans des scènes clés de l’intrigue. Des coiffures aux costumes, en passant par les éclairages, chaque détail a été soigneusement pensé pour restituer avec justesse cette époque et ses tourments.
Valjean VS Javert
Sous les traits de Jean Valjean, on retrouve avec plaisir Nick Cartell qui campe ce rôle depuis plusieurs années avec une force et une conviction remarquables. Sa voix puissante et son jeu subtil nous entraînent à travers un éventail riche d’émotions, de l’angoisse à la protection. Son interprétation bouleversante de « Bring Him Home » touche particulièrement le public. De son côté, Preston Truman Boyd incarne brillamment l’impitoyable Javert. Sa présence scénique, associée à ses talents vocaux, rend chacune de ses prestations captivantes. La rivalité entre ces deux personnages est ainsi magnifiquement mise en valeur.
Force et harmonie
À vrai dire, tous les artistes de la troupe sont incroyables et en symbiose. Appuyés par des chorégraphies accrocheuses, les numéros de groupe nous permettent encore plus de le constater. Mention spéciale pour l’emblématique « One Day More » qui conclut en apothéose le premier acte, frôlant la perfection. Celui de « Master of the House » se fait aussi remarquer, mais pour d’autres raisons. En contraste avec les scènes plus intenses de la pièce, il nous dévoile l’avide et malveillant couple Thénardier, interprété avec brio par Matt Crowle et Victoria Huston-Elem.
Résilience, amour, courage, rédemption… Comme le roman dont elle est tirée, la comédie musicale Les Misérables célèbre ces valeurs humaines essentielles face à l’adversité. Avec des thèmes qui résonnent encore aujourd’hui, ce spectacle reste indéniablement un classique.