Joli succès au Festival Off Avignon cet été, Les Vilaines ont investi la scène parisienne de la Gaîté Montparnasse. Entre confessions et démonstrations, nos trois danseuses de cabaret livrent une prestation vivante et colorée.
Qui de mieux qu’une ancienne meneuse de revue pour raconter le quotidien de danseuses de cabaret ? Elsa Bontempelli – à la création du spectacle – se saisit de textes inédits de son père décédé comme source d’inspiration pour sa propre création formant le spectacle Les Vilaines.
Derrière le rideau
Le temps d’une représentation, le spectacle révèle le quotidien de trois artistes dans leur intimité, entre les loges et l’espace badin du music-hall. Adroitement pensée, la mise en scène signée Elsa Bontempelli joue avec un espace restreint tout en faisant appel à de grands déplacements intelligemment contenus.
Très vite, les apparences tombent pour laisser place à une lucidité parfois féroce. Les dialogues sont grinçants et se mêlent à des chansons pleines d’humour. Sur le registre de l’intimité, les trois artistes en ont à revendre. De réputation inaccessibles, elles partagent leurs doutes avec authenticité et personnalité. Le livret fin et précis pointe des écorchures communes à beaucoup de femmes. Relevés par des monologues raffinés, les apparences et l’exigence du corps sont au centre de leur histoire. La dynamique loges/scène et confessions abordent avec rythme le sujet universel de la confiance en soi. Et pour Lili, Léa et Lou, il en faut de l’assurance !
Toutes en Scène
Si vous cherchez du music-hall, vous allez être servi. Les codes du genre sont si bien respectés que le spectateur peut s’y perdre ; il faut dire que les costumes ont été pensés et réalisés par un des plumassiers de cabarets parisien. En décolletés pigeonnants et peignoirs de satin, les chorégraphies s’enchaînent au millimètre. Pour notre plus grand bonheur, nous n’échappons pas aux traditionnels numéros à plumes qui apportent le piment bienvenu à la soirée.
Musicalement, on prend plaisir à écouter ce trio dont les harmonies réussies surfent sur des sonorités jazz, qui collent plutôt bien au sujet. Associés aux mots – toujours bien choisis – des Bontempelli, les arrangements de Mario Santangeli s’intègrent facilement, apportant une couleur singulière au sujet. Lucille Nemoz, Margaux Heller (Les Funambules) et Natalia Pujszo (Merlin, La Légende Musicale) semblent à leur place et défendent avec un professionnalisme gagnant le joué/chanté/dansé.
Sur fond d’un féminisme drôle et touchant, c’est un pari réussi pour ce spectacle appelant à lever certains préjugés sur ces femmes se montrant finalement comme tout le monde.
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Crédit Photos : Bruno Gasperini