On ne compte plus le nombre d’adaptations du succès Mamma Mia ! en France, au Canada, au Royaume-Uni en expérience immersive, au cinéma, en cinéma-karaoké, etc. Cette fois-ci, MusicalAvenue a eu le plaisir de découvrir une version italienne du spectacle, montée par la compagnie PeepArrow.
Comment dit-on « Mamma Mia » en italien ?
Au cas où vous en entendiez parler pour la première fois en lisant cet article, Mamma Mia ! est une comédie musicale juke-box autour des tubes du groupe ABBA. Elle raconte l’histoire de Sophie, une jeune femme élevée par sa mère sur une île grecque. Après avoir lu secrètement le journal intime de sa mère, elle invite en cachette trois des anciens amants de celle-ci à l’occasion de son mariage, dans l’espoir de découvrir lequel des trois est son père. Entre secrets mal gardés, rencontres imprévues et révélations inattendues, la journée et la nuit s’annoncent bien mouvementées !
Une version italienne du spectacle ouvre la saison du théâtre Toniolo de Venise. Chansons et dialogues ont été traduits dans la langue de Dante et sont interprétés par une distribution presque entièrement italienne de quarante artistes : danseurs, chanteurs et musiciens. Pour plus de crédibilité avec la langue du spectacle, les noms de certains personnages ont été adaptés par rapport à la version de Broadway : ainsi Sophie devient Sofia, et Harry (interprété par l’acteur d’origine espagnole Sergio Muniz) devient Enrique.
Quand on entre dans le théâtre municipal, la musique d’ABBA nous accueille dans une salle aseptisée. Pourtant, la production présentée n’a rien de sobre : une distribution de quarante personnes s’apprête à occuper la scène pendant plus de 2h30 dans une version intégrale du spectacle. Le public a également la surprise de découvrir un orchestre sur scène : six musiciens sont installés dans l’étage supérieur de la maison qui constitue le décor, et nous offrent le bonheur d’une musique live.
Dans le décor ingénieux d’une île grecque
En parlant de décor, c’est sans doute lui qui vole la vedette au spectacle. La scène du théâtre Toniolo n’est pas immense, mais l’équipe créative fait preuve d’une étonnante ingéniosité. En effet, l’ensemble du spectacle est présenté sans aucun changement complet de décor. Côté jardin, se trouve une maison ; côté cour, des passerelles figurent le port et le bord de mer avec un angle de la scène rempli d’eau. En arrière-plan est projeté le paysage d’une île grecque.
Cependant, le génie de cet agencement réside dans la capacité de la maison et des passerelles à pivoter ou s’ouvrir pour figurer les changements d’espace. Ainsi, l’habitation peut se tourner tantôt d’un côté, pour figurer ce qui se passe à l’entrée du village, tantôt de l’autre pour se retrouver dans la cour de la Villa Donna, complétée par quelques chaises et tables. En se divisant en deux, la maison nous invite dans la chambre de Donna où se déroulent les scènes d’intérieur. Chaque changement de configuration est millimétré, sans accroc ni bruit parasite.
A côté d’un tel décor, les costumes semblent parfois assez quotidiens, et les jeux de lumières font véritablement pâle figure : artificiels, répétitifs, parfois trop présents, parfois pas assez, ils peinent à mettre en valeur ce beau décor et le jeu des comédiens. Il est cependant possible qu’il s’agisse de limites inhérentes aux équipements de la salle.
Une troupe de danseurs-chanteurs rayonnants
Sabrina Marciano campe une Donna déterminée et fragile à la fois, très convaincante dans son rôle. Face à elle, ses trois ex-amants ont l’air d’être connus du public italien qui applaudit avec enthousiasme à leur entrée. Tous ont déjà une expérience de la comédie musicale et Luca Ward, qui joue le rôle de Romolo, est une vedette de la télévision italienne.
Malheureusement, les rôles principaux sont tous campés par des comédiens au profil davantage chanteur que danseur. Par conséquent, leurs numéros sont souvent assez statiques et les chorégraphies très simples. Cependant, dès que l’ensemble entre en scène, une nouvelle énergie s’empare du plateau et nous en met plein la vue. La vingtaine de danseurs de la troupe est celle qui apporte un véritable esprit de comédie musicale au spectacle. Le public retiendra spécialement le fantastique numéro de danse palmée pour « Lay all your love on me » et la dernière soirée avant le mariage sur « Voulez-Vous ».
Cette adaptation italienne des grands airs d’ABBA est une vraie réussite. Du point de vue d’un spectateur francophone, l’humour, les rythmes et la musicalité des chansons initiales n’ont pas été perdus à la traduction. Malgré l’absence de surtitres, la célébrité des morceaux facilite la compréhension de histoire. L’intrigue se déroule à toute allure et chaque scène apporte son lot de tubes pop et disco à souhait. Impossible de s’ennuyer ! La bonne humeur et l’enthousiasme des artistes sont communicatifs. Le public finit debout par danser sur Waterloo et Dancing Queen dans un karaoké improvisé. Voila le genre des productions que l’on aimerait découvrir dans les théâtres municipaux français !
Tournée annoncée : 25-30 otobre 2022 à Mestre ; 2-6 novembre à Florence ; 8-9 novembre à Assini ; 12-13 novembre à Bergame ; 18-19 novembre à Montecatini ; 23-27 novembre Gênes ; 2-4 décembre à Varèse ; 14-15 janvier 2023 à Trento ; 21 janvier à Padoue ; 28-29 janvier à Piacenza ; 7-8 février à Forli’ ; 11 février à Brescia ; 17-19 février à Bari