Critique : « Matilda, la comédie musicale » de Matthew Warchus sur Netflix

Temps de lecture approx. 5 min.

Le célèbre roman de Roald Dahl est de retour sur les écrans dans une adaptation de sa version musicale : le programme parfait pour une soirée en famille !

L’histoire d’une petite fille surdouée et d’adultes ingrats

Après la réussite de Tick, Tick… Boom ! et la déception de Thirteen, Netflix propose une nouvelle – et très attendue – adaptation de comédie musicale : Matilda d’après la comédie musicale du même nom qui avait remporté un beau succès à Londres et New York.

Matilda, c’est avant tout un roman pour enfants de l’auteur gallois Roald Dahl. Il raconte l’histoire de Matilda, une petite fille talentueuse dont les parents, Monsieur et Madame Verdebois, ne reconnaissent pas la valeur. Peu attirée par les soirées « surgelés-télévision », Matilda préfère fuir l’ambiance familiale abrutissante pour se réfugier à la bibliothèque. À l’âge où la plupart des enfants ne savent pas lire, elle dévore les ouvrages de Dickens et Steinbeck.

Pourtant, sa vie bascule lorsqu’on l’envoie à l’école. Pour le meilleur et pour le pire. Elle y rencontre d’autres enfants de son âge ainsi que la tendre Mademoiselle Candy, son institutrice. Tout irait très bien sans la redoutable directrice de l’école : Mademoiselle Legourdin, une ancienne lanceuse de marteau qui déteste les enfants et les martyrise. Matilda est cependant décidée à ne pas se laisser faire, d’autant qu’elle développe un don surprenant pour la télékinésie.

L’adaptation d’un succès du West End

Matilda a été adapté en comédie musicale en 2011 à Londres où le spectacle a rencontré un beau succès. Il a remporté pas moins de sept Olivier Awards et est toujours à l’affiche du Cambridge Theatre.

C’est de cette version scénique que s’inspire directement le film sorti sur Netflix cet hiver (le réalisateur, Matthew Warchus était d’ailleurs le metteur en scène du spectacle à Londres). On y retrouve la musique entrainante et efficace de Tim Minchin. La place de la danse a également été préservée : quel bonheur de voir la caméra prendre le temps de filmer les chorégraphies d’ensemble sans enchaîner les gros plans sur des détails !

Une autre force de l’adaptation réside dans sa distribution, et en particulier, ses actrices. Toutes sont magnifiques dans leur rôle : au point qu’il est difficile de croire qu’Alisha Weir, l’interprète de Matilda, en est à son premier rôle ! Son alchimie est très forte avec Lashana Lynch. Celle-ci se révèle très émouvante dans le rôle de Mademoiselle Candy et son interprétation de « House » est déchirante.

Emma Thompson est méconnaissable et véritablement terrifiante dans le rôle de Mademoiselle Legourdin. Elle reprend avec brio le flambeau (ou plutôt, le marteau) d’un rôle tenu habituellement par un homme dans les versions scéniques.

Des coupes et des regrets

L’adaptation à l’écran a nécessité des coupes pour ne pas avoir un film de plus de deux heures. Pour Matilda, c’est un personnage entier qui a été supprimé : celui du frère de l’héroïne, abruti par la télévision. Il s’agissait d’un personnage absent du roman et rajouté pour le spectacle. Celui-ci apparaissait comme l’antithèse de Matilda et possédait un numéro délicieux et drôle : « Telly », dont on peut regretter la disparition.

En règle générale, l’adaptation filmique est plus sombre que la version scénique : les personnages des parents sont moins développés et leurs chansons ont été coupées. Celles-ci contribuaient pourtant beaucoup au potentiel comique du spectacle par leur excentricité et leurs excès.

Un autre regret de cette adaptation est le traitement de la chanson « When I grow up ». Sur scène, c’est un pur moment de poésie avec un superbe ballet de trottinettes et de balançoires qui s’envolent au dessus du public. Au cinéma, les balançoires deviennent des motos et vélos, et la chanson semble sortir de nulle part. Elle en perd son aspect rêveur.

La chanson « Quiet » chantée par Matilda n’est pas non plus très convaincante. Il faut dire qu’il s’agit d’un moment d’introspection, une chanson qui décrit très précisément les pensées de Matilda sans aucune matérialisation physique ou geste de sa part. Dans ce morceau, toute la puissance cérébrale de la petite fille est illustrée par la musique et le choix de réalisation en donne une version plus fade, témoignant des limites du média cinématographique.

Impossible sur scène, parfait au cinéma

À l’inverse, le passage à l’écran a mis en valeur d’autres chansons. C’est en particulier le cas de « The School Song ». Déjà prenante sur scène, elle monte encore en puissance grâce à un ingénieux jeu de caméra avec des focus sur des lettres de l’alphabet. Cela permet de souligner la richesse des paroles de Tim Minchin qu’on ne remarque pas à la simple écoute de l’album.

Pour certains, cette adaptation pourrait également apparaître comme un retour aux sources : le personnages du frère redisparait et celui du triton (difficile à jouer sur scène), fait son retour. Le cinéma permet également de montrer des choses impossibles à réaliser sur scène. La scène finale de confrontation entre Matilda et Mademoiselle Legourdin est construite autour d’une surenchère d’effets spéciaux qui transforment la télékinésie de la petite fille en une vraie forme de magie. Ce choix se révèle très efficace et convaincant : il rend plus crédible la frayeur de la directrice et conforte l’image de petite fille toute puissante et revancharde défendue par le film.

Un petit bonbon pour petits et grands

Les adaptations de comédies musicales à l’écran sont toujours périlleuses et Matthew Warchus s’en sort avec brio. Par ailleurs, l’univers de Matilda se prêtait bien à la photographie très saturée de couleurs chère à Netflix. Il en ressort un film séduisant qui reflète bien l’esprit du musical et accorde une belle part au chant et à la danse. Il séduira sans problème petits et grands !

Matilda, la comédie musicale (Roald Dahl's Matilda the Musical)
Image de Segolene Boulai

Segolene Boulai

Après une enfance bercée par les claquettes de Fred Astaire et la voix de Marnie Nixon, mon amour de la comédie musicale nait lors d'un inoubliable passage à Broadway pour voir "Matilda". Dès la fin du voyage, je me mets à grappiller toutes les informations possibles sur ce genre idéal pour moi qui ne veux pas choisir entre la danse, le théâtre, la musique et le cinéma. L'arrivée à Paris est l’occasion de découvrir la place croissante du spectacle musical en France, au-delà de tout ce que je soupçonnais. Et here I am ! ayant à cœur de partager toujours davantage cette passion, je rejoins l’équipe de Musical Avenue en 2021.
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