Depuis plusieurs semaines, le Théâtre Clavel accueille sur ses planches la compagnie Les Dentellières Pourpres qui présente son adaptation de Monsieur Joseph. Nous avions rencontré Alice Blanché et Erica Angélini il y a environ 1 an, qui nous avaient partagé leur ambition pour l’adaptation en cours. C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous avons pu découvrir leur travail. L’heure passée avec les artistes a été agréable et a dévoilé une histoire au message universel que nous vous retraçons à travers ces lignes.
A l’origine, Yannick Nédélec et Pierre Bloch, respectivement auteur et compositeur, ont pensé et conçu Monsieur Joseph comme une pièce musicale aux demandes des chorales et écoles de musiques un brin découragées de monter des spectacles autour des mêmes artistes francophones.
Pour Alice Blanché – qui a adapté et mis en scène l’œuvre – c’est l’occasion de renouer avec ses premiers souvenirs et sensations de théâtre, elle-même ayant joué dans Monsieur Joseph étant enfant et de proposer une véritable comédie musicale.
Une petite histoire dans la grande histoire
Ce sont les propos même d’Alice Blanché à l’origine de l’adaptation. On y raconte avec fantaisie et légèreté l’histoire d’un professeur de musique déporté pour avoir caché deux enfants tsiganes pendant la seconde guerre mondiale. Lors du spectacle de fin d’année de ses élèves, un hommage lui est rendu au travers la reprise de ses propres textes et chansons. C’est aussi l’occasion de réunir pour la première fois le collège des filles et des garçons et de confronter leurs positions. En ça, le livret est cocasse car on avait presque oublié qu’il fut un temps où les classes n’étaient pas mixtes. La compagnie Les Dentellières Pourpres se saisit de Monsieur Joseph pour nourrir les liens et interroger le public sur l’histoire à ne pas laisser de côté. Leur intention se veut pédagogique, comme le révèle leur interprétation de ce spectacle.
Un joli travail d’adaptation
Le spectateur est accueilli par Madame Godichon, directrice du collège de jeunes filles et garçons et directement interpellé comme un parent d’élève devant la représentation de fin d’année de son enfant. Très rapidement, le public est projeté dans une autre décennie à l’aide d’une scénographie pensée et organisée comme immersive. Les éléments de décors – peu nombreux – viennent construire le lieu de l’histoire mais suffisamment représentatifs pour savoir tout de suite où nous sommes. Les élèves arrivent et s’emparent du livret construit autour des chansons du professeur disparu. La partition est très agréable à écouter et la musique semble sortir tout droit du gramophone trônant au milieu des bancs d’écoliers.
Cette sobriété scénique est compensée par une mise en lumière et des chorégraphies originales dynamiques qui ajoutent de la vitalité aux scènes clés. La lumière oscille entre des tons chauds et froids amenant les transitions avec beaucoup de simplicité. Les interactions entre les comédiens et le public, avec des moments où les artistes se déplacent parmi les spectateurs, créent une expérience immersive toujours appréciée dans le théâtre musical.
La pâte de l’équipe créative transparaît notamment dans le travail d’arrangement de la partition pour lui apporter encore plus d’ancrage dans son époque. Une dizaine de titres parcourt le spectacle. On y retrouve la drôlerie de l’esprit espiègle des élèves mais aussi des sonorités plus mélancoliques comme les notes tsiganes particulièrement émouvantes dans un des moments clefs du récit. Ce doux équilibre est aussi respecté par la distribution composée d’artistes aussi bons individuellement que collectivement. Ensemble, les comédiens évoluent en harmonie notamment dans les passages collectifs où les interactions et les dialogues chantés témoignent d’une alchimie palpable.
Vous l’aurez compris, Monsieur Joseph s’inscrit dans la catégorie des spectacles dépassant le simple exposé de l’histoire et devient le vecteur d’un message plus universel. Les Dentellières Pourpres ont d’ailleurs l’ambition de servir ce projet pour les écoles particulièrement. On leur souhaite une pleine réussite dans cette entreprise. En attendant, rendez-vous au Théâtre Clavel tous les dimanches. La réservation se fait par ici.
Crédit Photos : Alice Blanché
