Pour la troisième fois en moins de cinq ans, le Québec a l’honneur de recevoir Notre Dame de Paris, la célèbre comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante, dans le cadre de sa tournée mondiale du 25e anniversaire. Montréal fait partie des villes privilégiées qui accueillent ce spectacle jusqu’au 12 août. Alors que la France attend impatiemment sa venue en novembre, coup d’œil sur la plus récente production de cette œuvre devenue culte.
Un spectacle qui a marqué un tournant
Un quart de siècle après ses premières représentations, Notre Dame de Paris continue de briller sur scène, à l’image de l’emblématique cathédrale qui a su résister aux aléas de l’Histoire, dont le terrible incendie de 2019. Pourtant, rien n’était gagné d’avance au moment de sa conception. À la fin des années 1990, la comédie musicale était un genre en déclin en France et le duo Plamondo/Cocciante a dû faire des pieds et des mains pour convaincre un producteur de croire en son projet. Le spectacle s’est finalement imposé comme un triomphe, propulsant de nombreuses carrières et ravivant la flamme pour ce genre.
Indémodable Notre Dame de Paris
Maintes fois dépoussiéré au fil des années, Notre Dame de Paris s’est vu bonifié et réinventé sans cesse, tant au niveau des costumes, des chorégraphies ou de la mise en scène. Les chansons, elles, sont demeurées l’âme du spectacle. Elles ont beau avoir été entendues maintes et maintes fois, la plupart n’ont pas pris une ride et se laissent redécouvrir comme si c’était la première. Notre Dame de Paris, indémodable ? Oui, toujours autant, même en 2023. Alors que tant d’autres productions ont vu le jour depuis, rivalisant d’originalité, cette œuvre adaptée du célèbre roman de Victor Hugo a encore sa place dans le paysage des comédies musicales. Les tableaux sont toujours aussi impressionnants, portés par des danseurs, acrobates et breakers de haut vol. C’est d’ailleurs ce qui frappe quand on découvre le spectacle sur scène. Séduit d’abord par les mélodies accrocheuses et les belles voix de la troupe, on se rend vite compte que Notre Dame de Paris est une réelle expérience scénique et visuelle qui transcende ses chansons.
Une distribution solide
L’an dernier, Bruno Pelletier avait exceptionnellement revêtu les habits de Gringoire à l’occasion d’une série de dates exclusives. Succédant à Richard Charest, l’artiste québécois avait été chaleureusement acclamé lors de son retour triomphal. Après avoir campé Phoebus l’an dernier, Gian Marco Schiaretti incarne aujourd’hui le poète des rues, dévoilant encore plus sa puissance vocale dans ce rôle exigeant où il est totalement à l’aise. Martin Giroux reprend quant à lui avec brio le rôle du volage et « déchiré » capitaine de la garde qu’il avait interprété dans le passé, tandis que Daniel Lavoie n’a jamais été aussi convaincant dans la peau de l’archidiacre Frollo. Emma Lépine est encore une fois parfaite en Fleur de Lys, tout comme Jay en Clopin. Impossible de rester indifférent au combat des exclus que symbolise ce personnage.
Avec sa voix à la fois douce et suave, son attitude rebelle et ses gestes sensuels, la chanteuse albanaise Elhaida Dani est l’Esmeralda que l’on s’imagine. De son côté, l’Italien Angelo Del Vecchio a trouvé un rôle à sa mesure avec Quasimodo qu’il campe avec passion depuis 2011. Il livre une fois de plus des prestations poignantes grâce à sa voix rauque et son jeu bouleversant tout au long du spectacle, culminant dans le tableau final « Danse mon Esmeralda ». L’émotion est certes au rendez-vous et même si nous connaissons tous l’issue inéluctable de la pièce, nous prenons plaisir à espérer une fin différente, plus joyeuse.
Pour son 25e anniversaire, Notre Dame de Paris aurait pu marquer le coup en introduisant enfin un orchestre avec musiciens au lieu d’utiliser des pistes instrumentales préprogrammées. Une occasion manquée, sûrement compliquée à mettre en place, mais qui n’enlève en rien la pertinence de cette comédie musicale intemporelle dont les thèmes résonnent malheureusement toujours avec acuité.
Crédit photo : Zorlu PSM & Alessandro Dobici (Daniel Lavoie)