Retour très attendu, Notre-Dame de Paris, le spectacle de Luc Plamondon et Richard Cocciante, entame sa tournée anniversaire au Palais des Congrès de Paris. 25 ans après sa création, ce spectacle a-t-il vieilli ?
Un spectacle mythique avec lequel tout à commencé
A l’occasion des 25 ans du spectacle, les cloches de Notre-Dame de Paris résonnent à nouveau dans l’enceinte du Palais des Congrès, son berceau d’origine, jusqu’au 7 janvier prochain. Un retour aux sources qui a attiré de nombreux spectateurs et invités en ce soir de générale de presse du 23 novembre dernier, alors même qu’un autre spectacle de Luc Plamondon – Starmania pour ne pas le citer – est également à l’affiche en ce moment à Paris. Comme quoi, la qualité paye toujours…
La comédie musicale de Luc Plamondon et Richard Cocciante, inspirée du roman de Victor Hugo, a marqué le début d’une nouvelle ère de spectacles musicaux en France, ouvrant la voie à de nombreuses productions, depuis Roméo et Juliette jusqu’à, plus récemment, Molière. Les chiffres de son succès sont vertigineux : traduite en 8 langues, elle cumule plus de 5000 représentations devant 10 millions de spectateurs et son album s’est vendu en plus de 19 millions d’exemplaires.
Découvrir Notre-Dame de Paris aujourd’hui a-t-il du sens ?
Quand on est un spectateur nouveau qui n’aurait pas cette nostalgie de souvenirs heureux associés au spectacle, on a le sentiment de remonter le temps en pénétrant au Palais des Congrès. On a un peu l’impression d’être comme ces spectateurs de 1998 venus, dans la même salle, découvrir le même spectacle, dans la même mise en scène. Le risque serait de faire de ce spectacle une pièce de musée qu’il faudrait recontextualiser pour en profiter pleinement.
Et pourtant, il n’en est rien. En 2023, le spectacle parvient toujours à toucher une nouvelle audience. Ses décors épurés et monumentaux ont bien vieilli avec des lumières parfois un peu kitsch. Face à l’abondance et la qualité des chorégraphies, le spectateur novice ne sait plus où donner de la tête : ces danses et acrobaties créent des tableaux visuellement impeccables et envoutantes qui permettent également de compenser des paroles de chansons parfois un peu faibles et des interprètes très statiques. Le livret se révèle inégal avec des chansons de toute beauté aux harmonies à couper le souffle, mais également d’autres plus répétitives dans leurs paroles et leur interprétation.
Les interprètes de ce retour anniversaire campent des personnages peu attachants voire franchement antipathiques. S’il ne se prend pas nécessairement d’affection pour Esméralda et Quasimodo, le spectateur prend davantage de plaisir à détester Frollo et Phoebus.
Loin d’être un spectacle désuet, Notre-Dame de Paris demeure un classique à découvrir pour tout passionné de comédie musicale qui n’aurait pas eu l’occasion de l’applaudir sur scène. Mais qu’en est-il si vous êtes un fan de l’œuvre, ce retour anniversaire vaut-il la peine ?
Revoir ou ne pas revoir Notre-Dame de Paris ? telle est la question
Pour cette nouvelle mouture, point de gros changements par rapport à la version d’origine et aux représentations suivantes ; à peine notera-t-on quelques jeux de lumière différents et effets de mise en scène supplémentaires, tels que davantage d’apparitions de personnages en transparence lors de certaines scènes. Difficile, en effet, de toucher à un tel monument ! On regrette cependant toujours l’absence d’un orchestre live, et quelques rimes et dialogues un peu faciles qui auraient pu, depuis, bénéficier d’un petit dépoussiérage.
Mais force est de le constater : Notre-Dame de Paris est un spectacle qui fonctionne comme tel, avec ses défauts. L’alchimie opère à chaque fois, notamment grâce aux chorégraphies de Martino Muller servies par des danseurs/acrobates époustouflants, et à la mise en scène de Gilles Maheu, toujours efficace et toute en sobriété, articulée autour de ces désormais célèbre éléments de décors mobiles et ce grand mur de cathédrale. Il en faut pour habiter cette immense scène du Palais des Congrès !
Une distribution mêlant anciens et nouveaux interprètes
Côté distribution, on retrouve Hiba Tawaji dans les jupons de la gitane Esmeralda, Alyzée Lalande dans la robe rose de Fleur de Lys, Jay dans les haillons de Clopin et Angelo Del Vecchio sous la bosse de Quasimodo. Depuis sa dernière venue à Paris, le spectacle a également accueilli deux « petits nouveaux » : Gian Marco Schiaretti pour incarner le poète Gringoire, dont les intonations ne sont pas sans rappeler celle de Bruno Pelletier, et une figure bien connue des spectacles musicaux français, Damien Sargue (Roméo et Juliette), plutôt convaincant sous la cote de maille de Phoebus.
Malgré, parfois, un côté quelques peu surjoué et en force pour certains interprètes, les voix sont impressionnantes de technique et de puissance. Et il le faut pour parvenir à interpréter les morceaux du spectacle ! Le vrai plus de cette distribution, c’est indéniablement le retour de Daniel Lavoie dans son rôle d’origine, celui du prêtre torturé Frollo. Indéboulonnable depuis la première version de 1998, il hérite des titres les plus puissants du spectacle et impressionne tant par sa voix que son interprétation – la « high note » sur la « Visite de Frollo à Esmeralda » est toujours un moment très attendu du spectacle, au cours duquel on sent que tout le public retient son souffle.
Notre-Dame de Paris a beau cumuler plus de 10 millions de spectateurs à travers le monde et 25 printemps, l’émotion est donc toujours intacte. Les moments de grâce sur « Belle », pourtant entendue un nombre incalculable de fois, ou encore sur les canons de « Libérés » font frisonner et rappellent que si ce spectacle musical a ouvert la porte à tous les autres depuis 1998, ce n’est pas pour rien.