Jean-Baptiste Darosey (Chance! Petit Ours Brun) joue le rôle du professeur René Brillotte, présentant la conférence qui retrace la célèbre épopée d’Ulysse. Mais il se trouve bien vite confronté à une directrice qui ne partage pas son approche assez machiste du récit historique. Les deux personnages se lancent alors dans une revisite théâtrale, pour nous faire voyager à travers toute la Méditerranée.
Le mythe d’Ulysse en un peu plus d’une heure
Créer un spectacle à destination du jeune public (mais pas seulement) autour d’une œuvre aussi riche et complexe que l’Odyssée n’est assurément pas chose facile. Pour retenir l’attention de l’auditoire, il faut nécessairement omettre des passages de l’épopée maritime du héros. Mais il faut aussi conserver les scènes qui font partie de notre inconscient collectif, pour que chacun s’y retrouve. Rien d’étonnant alors à ce que ce projet ait mis plus de deux ans à voir le jour, par la collaboration de Jean-Baptiste Darosey et Julie Costanza (Hairspray, La Famille Addams).
Leur rencontre à l’Ecole de comédie musicale de Paris fait naître une envie de création commune. Le projet initial, d’une dizaine de minutes, a remporté le concours de l’Ecole pour lequel il avait été créé. Ils ont ensuite voulu le développer pour en faire un un véritable spectacle. Jean-Baptiste Darosey réunit ainsi deux de ses passions : titulaire d’une maîtrise d’histoire, il reprend contact avec ses anciens professeurs d’université pour retourner aux sources de l’Odyssée. Ce travail rigoureux a pour objectif de vulgariser le récit d’Homère auprès des plus jeunes, tout en restant fidèle aux thèmes antiques, tels que le courage, l’aventure, l’ingéniosité du héros. Toutefois le spectacle propose une lecture moderne, en créant une réflexion sur le rôle des femmes autour de Pénélope, ou en soulignant les défauts d’Ulysse.
Julie Costanza se charge ensuite de mettre en musique les dialogues, et les deux artistes créent un spectacle alternant répliques échangées à la façon du théâtre classique, chants aux styles variés, voire moments de stand-up.
Quand les dieux du Panthéon se transforment en stars de téléréalité
On ne s’attend initialement pas à un tel parti pris, mais le mélange des arts de la scène fonctionne parfaitement. L’histoire est revisitée avec des références très actuelles, et des éléments de la pop culture que le public adulte sera ravi de déceler au fil du spectacle (par exemple, l’intégration de la musique du célèbre jeu “Qui veut gagner des millions” dans un débat entre les dieux de l’Olympe est très bien pensée). C’est une double lecture qui est proposée tout au long de la conférence musicale, avec un humour accessible autant pour les enfants que pour les adultes qui y verront des transpositions des codes télévisuels du 21ième siècle. Mêlant caricature, théâtre musical ou jeu d’ombres ou de marionnettes, la complicité des deux protagonistes sur scène est évidente et emporte le spectateur sans effort.
N’oublions pas le travail soigné de mise en scène, réalisée par Stéphanie Gagneux, ainsi que des costumes. L’épisode célèbre du Cyclope Polyphème est particulièrement saisissant de réalisme, et les voyages en mer vous feront sentir les embruns méditerranéens. Sans rien laisser au hasard, l’immersion est complète, et l’on bouscule ses certitudes sur cette histoire maintes fois comptée.
Le spectacle divertira autant les enfants que leurs accompagnants ; il est également prévu de pouvoir le jouer dans des établissements scolaires, et de mettre à contribution les élèves qui sont invités à interagir tout le long de la pièce. Car c’est bien l’ambition non dissimulée des auteurs : transmettre le savoir à travers le jeu et la scène, pour éduquer et éveiller la curiosité et le sens critique de la nouvelle génération.