Le décor environnant donne le ton : nous sommes sur le port de Nice dans un espace à ciel ouvert de près de 200 places et nous rencontrons 4 des 5 interprètes principaux. C’est une troupe de passionnés qui nous accueille et nous comprenons que la cohésion de groupe est le moteur leur permettant de se surpasser tous les soirs. La complicité entre tous est évidente, et l’on mesure le chemin parcouru depuis la première présentation le 30 mars dernier.
Roxane, entre le théâtre et le spectacle musical
Cette confiance réciproque entre les artistes permet de relever le défi du jeu d’acteur. D’autant qu’aucune doublure n’est prévue et que chacun dépend de l’autre pour que le spectacle puisse se jouer. Œuvre originale, empruntant les codes de la pièce de théâtre et du récit autobiographique, c’est avec subtilité et justesse que les scènes se succèdent, au gré de musiques aux styles variés. Joséphine Cosoleto nous confirme que chaque représentation est l’occasion de gagner en confiance et de préciser le caractère de son personnage. Le spectacle est encore en rodage et l’on sent que l’interprétation gagnera en justesse au fil des représentations.
Les quatre protagonistes parviennent à créer une histoire cohérente et suffisamment intense pour tenir le spectateur en émoi. Un cinquième personnage vient également donner un souffle original à la narration. Il s’agit de la Récitante, qui fait une vraie différence. Ce soir-là, c’est Noëlle PERNA (loin de son rôle de Mado la Niçoise) qui prend le costume d’une Roxane plus vieille de quelques années. C’est elle qui raconte les passions qui ont envahi les hommes de sa vie, et qui se charge de transmettre ses sentiments à l’auditoire.
L’émotion et l’amour au centre de l’intrigue
La création en est encore à ses débuts, l’espace scénique est réduit, la mise en scène est minimaliste et les accessoires limités. Et pourtant, cela fonctionne très bien ; la présence de deux musiciens sur scène aux côtés des chanteurs donne une vraie puissance musicale, les lumières sont bien utilisées, notamment dans une scène où l’ombre de Cyrano entoure le personnage de Christian pour parler à Roxane. Les artistes utilisent tout l’espace du théâtre éphémère, déambulent au milieu des spectateurs, l’utilisation des deux niveaux de gradins insuffle une vraie dynamique. Aucun ennui possible, les musiques viennent exprimer les tourments personnels et les amours impossibles entre les personnages. A cela s’ajoutent de nombreux changements de costumes (parfois dans une étonnante rapidité). Le public ne s’y trompe pas et se laisse emporter par cette proximité.
Après les annonces faites lors de la première présentation presse, nous étions impatients d’entendre l’intégralité du livret. On ressent immédiatement le travail effectué depuis plusieurs années. Majoritairement composées sous forme de solos au début, les mélodies s’étoffent au fur et à mesure, laissant place à des duos ou trios plein de sensibilité. Si les chansons présentent généralement des sonorités rock and roll, on trouve également quelques ballades romantiques et des chansons jazz ou soul pour le personnage de De Guiche.
Une vingtaine de chansons plus tard, l’émotion gagne le public qui semble conquis. Les artistes ne nous avaient pas menti, le pari est gagné.
Un seul regret peut-être : ne pas avoir pu entendre plus de morceaux jazzy entonnés par Deguiche, le producteur vénal de Christian, dont l’importance pourrait être accentuée.
Vous pouvez retrouver Roxane jusqu’au 26 juin à Nice et dans plusieurs villes de la Côte d’Azur tout l’été. Une date est prévue à Bruxelles avant les fêtes de Noël. Le spectacle part à votre rencontre, alors pourquoi ne pas vous laisser conter l’histoire d’un amour inconditionnel, au-delà de soi-même?
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