Soy de Cuba existe depuis plus de 10 ans. Déjà présenté plusieurs fois à Paris (notamment en 2011 et 2017), le spectacle revient cette année dans une “version II”, qui annonce faire peau neuve avec de nouvelles chansons et chorégraphies. Etes-vous prêt à vous déhancher sur un air latino ?
Deux actes, deux ambiances
Osons-le dire tout de suite, l’arc narratif n’est sans doute pas le point fort de ce spectacle. D’ailleurs, si vous n’avez pas lu le synopsis au préalable, vous n’aurez peut-être pas vraiment compris les liens qui unissent les personnages. Mais cela n’a vraiment rien d’indispensable, car Soy de Cuba – Viva la vida! est avant tout un voyage musical, à la découverte de la culture cubaine et des rythmes latinos endiablés.
La troupe nous emmène dans les pas d’Ayala, travaillant dans une fabrique de cigares (mais dans laquelle le personnel, qui fait partie d’une troupe de danseurs, passe plus de temps à s’amuser et répéter leurs chorégraphies qu’à rouler du tabac, sans que leur patron ne semble rien trouver à redire). Un jour, la troupe est engagée pour animer le début de soirée d’un combat de boxe ; Ayala croise alors le regard du boxeur Jésus et, sans surprise, un jeu de séduction s’installe entre eux ; mais le danseur vedette et autre employé de la fabrique de cigares n’entend pas s’effacer face à ce nouveau venu (d’autant qu’il se déhanche avec fougue pour la belle Ayala depuis tout le début du spectacle). L’amour sera-t-il plus fort que les jalousies ?
C’est finalement le deuxième acte qui apporte un lot de surprises bienvenues, autant musicales que dramaturgiques. L’histoire s’accélère (et on ne s’encombre pas en transitions) et explore de grands thèmes comme l’envie de liberté, l’amitié et la force de s’accrocher à ses rêves pour les réaliser. Le tout sur des musiques qui reflètent toute la richesse de la culture cubaine. Ne nous attardons pas sur les rivaux qui deviennent amis, ni sur les revirements de situation accélérés. On s’y fait très vite, d’autant que de belles projections en fond de scène créent l’évasion, en nous transportant de la fabrique de tabac à la salle d’entrainement de boxe, et en déambulant dans les ruelles bariolées typiques de l’île caribéenne. Le tour de force de cette nouvelle version est sans conteste de mettre à l’honneur la danse, de l’élever au plus haut niveau. La boxe est une danse, la danse est une lutte, les deux se rejoignent dans la force des corps. La précision des mouvements et la justesse des scènes de combats chorégraphiés (rappelant aussi l’art de la capoeira) font de Soy de Cuba une performance visuelle exaltante. Les danses et la musique sont les vraies pépites de ce spectacle.
Un aller-simple pour la chaleur de La Havane
Comment ne pas parler de la musique ? Six musiciens virtuoses explorent la richesse des sons d’Outre Altantique. Derrière son piano, Rembert Egües communique sa passion. Il dirige et synchronise l’orchestre qui l’accompagne ; les hommes et femmes qui le composent alternent les instruments plus ou moins traditionnels. Quelques solos musicaux nous font découvrir davantage les subtilités des 15 chansons composées spécialement pour le spectacle. À l’image de l’histoire, les musiques de la première partie sont une ode aux mambos et jazz afro-cubains intemporels, tandis que le deuxième acte se teinte de sonorités pop plus modernes.
Le public le plus averti pourra retrouver des ambiances évoquant tant le carnaval (rappelant des scènes comme « Carnaval del Barrio » dans In The Heights que les descentes d’escalier des classiques de Broadway, au son des cuivres forts et très présents tout au long de la partition. Et pour ne rien gâcher de notre plaisir, deux voix féminines viennent sublimer le tout ; sans pour autant raconter l’histoire, les paroles sont une évocation des sentiments des personnages ou de ce qu’ils vivent au moment de l’histoire (avoir quelques notions d’espagnol vous aidera fortement à apprécier les chansons ; pas d’inquiétude cependant, une connaissance réduite de la langue de Don Quichotte ne vous empêche pas de profiter de l’expérience). Nous avons été particulièrement touchés par le romantisme de « Aprietame », l’inventive mise en scène avec « Tu Volveras » et bien sûr par le titre phare « Viva la vida! ».
Soy de Cuba – Viva la vida! franchit un pas de plus vers le genre de la comédie musicale. Les artistes sont impressionnants de talent et d’énergie. Accessible pour tous publics – même si vous n’y connaissez rien en danses latines – la rapidité des pas et le plaisir communicatif des musiciens vous assurent de passer un très bon moment. Sortez vos panamas du placard et vos mojitos du bar, pour assister à une prestation de haute volée, conjuguant avec brio la musique, la danse et les traditions cubaines.
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Crédit photos : Philippe Fretault