Inspiré du classique du cinéma des années 50, Sunset Boulevard se fait une cure de jouvence dans une nouvelle version qui bouscule tous les codes. Brutale, minimaliste, inattendue, elle nous fait redécouvrir la comédie musicale sous un angle inédit qui risque bien de ne laisser personne indifférent.
UN DRAME NOIR HOLLYWOODIEN
Classique du film noir des années 50, Sunset Boulevard nous raconte l’histoire de Joe Gillis, un scénariste raté et criblé de dettes que l’on va retrouver mort dans une piscine d’un gigantesque manoir. Comment en est-il arrivé là ? Nous allons suivre en flashback cette histoire au cœur des mystères d’Hollywood. Alors qu’il est suivi par deux huissiers le recherchant, Joe va prendre la fuite en voiture et se retrouver par hasard aux portes de la demeure d’une star déchue du cinéma muet : Norma Desmond (Gloria Swenson). Alors qu’elle voit en lui un espoir de revenir dans la lumière des projecteurs, Joe voit en elle la possibilité de se refaire une santé financière. Leur relation va devenir aussi ambigüe que destructrice.
avec un regard...
Il aura fallu plus de 40 ans avant que ce classique du cinéma passe de l’écran à la scène sur des mélodies inoubliables d’Andrew Lloyd Webber. La mise en scène de juillet 1993 était signée Trevor Nunn sur les planches de l’Adelphi Théâtre à Londres avec dans le rôle phare de Norma Desmond l’icône Patti Lupone accompagnée de Betty Buckley. Le transfert à Broadway a eu lieu l’année suivante avec cette fois-ci la tout aussi légendaire Glenn Close en haut de l’affiche. La comédie musicale a remporté 6 Tony Awards et fut réputée pour ses incroyables décors et costumes hors du commun. La seule production en langue française a quant à elle créée pour le festival Bruxellons! en 2018 avec notamment Gaëtan Borg, Franck Vincent et Anne Mie Gils dans le rôle titre. Ce boulevard du crépuscule traverse les générations avec toujours autant de fascination et cette nouvelle reprise à Londres était d’autant plus attendue après le succès retentissant du retour de Glenn Close en 2016 dans une version orchestrale aux critiques dithyrambiques. Autant vous le dire tout de suite, le résultat de cette version inédite est à la hauteur de son bouche-à-oreille.
Jamie Lloyd a choisi le parti pris risqué de prendre l’œuvre à l’envers en la dépossédant de tout son faste pour n’en garder que l’ombre derrière les lumières. Décor minimaliste, le plateau est absolument vide à part quelques chaises ou un projecteur en fond de scène. Seul un gigantesque écran suspendu au plafond descendra pour rendre cette comédie musicale plus cinématographique que jamais. En effet, les membres de l’ensemble sont parfois équipés de caméras ultra modernes diffusant en direct sur l’écran géant les visages de nos protagonistes avec des gros plans en noir et blanc. À l’image des costumes et des lumières, pas une once de couleur ne vient troubler ce sombre tableau excepté le rouge sang du titre et du meurtre final annoncé dès les premières secondes. La mise en scène ne ressemble à rien à ce que vous avez pu voir auparavant. Tout est épuré jusqu’à la moelle pour ne laisser parler que la dramaturgie de l’œuvre et les sublimes et envoûtantes orchestrations.
Les chorégraphies de Fabian Aloise (Cabaret) offrent une dimension bien plus moderne aux excellents « Every movie’s a circus », « Let’s Have Lunch » ou « New Year’s Eve ». Chaque mouvement est pensé même dans les plus simples moments de dialogue et cela tranche avec ce que l’on attend de Sunset Boulevard.
"I'M READY FOR MY CLOSE-UP"
Côté distribution, il faut bien avouer que Tom Francis (&Juliet) qui interprète Joe Gillis porte le show sur ses épaules du début à la fin. Il est accompagné de David Thaxton (Passion) captivant en Max et de la jeune Grace Hodgett Young qui fait ses débuts dans le West-End avec le rôle de Betty. Une belle carrière l’attend. Mais celle que l’on surnomme à juste titre dans le livret « The Greatest Star of All » et qui incarne la divine Norma Desmond n’est autre que Nicole Scherzinger aussi bien connue pour son succès au cœur du girls band les Pussycats dolls que pour avoir été Grizabella dans le dernier revival de Cats à Londres.
Dès les premières secondes, Nicole propose une toute nouvelle interprétation de Norma sans turban ni artifices mais avec un charisme renversant et une puissance vocale impressionnante. « With One Look » et « As If We Never Said Goodbye » sont deux moments clés du spectacles qui ont déclenché des applaudissements nourris avant une standing ovation à la fin du show largement méritée. L’idée aurait pu faire sourire mais Nicole Scherzinger est une incroyable interprète et une belle carrière sur les planches l’attend si telle est la route qu’elle veut suivre. En attendant elle arpente Sunset Boulevard avec brio et il est bien dommage que cet engagement limitée s’arrête en janvier tant cette production audacieuse et avant-gardiste déroute autant qu’elle captive.
Difficile de passer à côté d’une telle œuvre quand on aime la comédie musicale, alors si vous séjournez à Londres d’ici début 2024, n’hésitez pas à passer du côté du manoir de Norma Desmond. Vous (re)découvrirez une œuvre incontournable d’Andrew Lloyd Webber dans une mise en scène qui emprunte autant au 7ème art qu’à la comédie musicale. Un cross-over inédit et réussi à applaudir jusqu’au 6 janvier au Savoy Théâtre de Londres.
Crédit Photos : Marc Brenner
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