Une heure mémorable pour petits et grands
La moyenne d’âge n’était pas bien élevée, ce dimanche matin au Théâtre du Châtelet : trente minutes avant le début du spectacle, la salle grouillait déjà d’enfants accompagnés de leurs parents, des rehausseurs à la main.
Depuis le début de la saison, le théâtre expérimente une nouvelle forme de divertissement : des concerts matinaux de courte durée (environ une heure) à destination des enfants. En ce début février, l’audacieux concert des « P’tits fauteuils » peut se résumer à deux objets : un piano à queue et une paire de chaussures…
Sonates et claquettes
Parce qu’il s’agit bien d’un concert ! On oublie souvent que le tap dance, ce n’est pas qu’une danse sympathique à regarder, c’est également de la musique, les claquettes sont des percussions d’une richesse incroyable . Ce spectacle nous le rappelle subtilement : au piano comme aux claquettes, le mouvement et le bruit vont de pair.
Sur scène, le public peut applaudir le tap dancer autodidacte Aurélien Lehmann (Back to Tap, Le Very Tap Show) et le pianiste François-René Duchâble qui, après plusieurs années dans les temples de la musique classique, a apporté sa contribution à d’autres formes de spectacles pluridisciplinaires (spectacles équestres, natation synchronisée, etc.).
Un spectacle débordant d’énergie et de complicité
Aurélien Lehmann est un danseur de claquettes bluffant avec un style tout en souplesse et en acrobaties. Sa complicité avec François-René Duchâble au piano est palpable. Ils jouent véritablement ensemble, dans tous les sens du terme, et pour notre plus grand plaisir.
Entre deux numéros de claquettes, le temps de laisser au danseur l’opportunité de reprendre son souffle, le pianiste prend le relai, soit pour raconter une anecdote, soit pour jouer un morceau. Cela permet également au public de souffler avec un répertoire plus calme car le danseur-percussionniste n’a choisi que des pièces dynamiques pour faire sonner ses pieds avec l’énergie de Beethoven, l’allégresse de Scarlatti ou l’humour de Mozart.
Les deux interprètes ne sont pas de grands orateurs et ce spectacle manque peut-être d’un fil rouge, mais il serait injuste de reprocher l’absence d’histoire à un spectacle qui se décrit comme un concert hommage à l’histoire de la musique : le répertoire parcoure trois siècles, de Bach à Gershwin, de la Russie à l’Italie. C’est aussi une célébration des imaginaires associés aux claquettes : plus ou moins aériennes, chapeau haut de forme et canne, le public retrouve plusieurs silhouettes de grands danseurs de tap dance immortalisés au cinéma.
A plusieurs reprises, le public est invité à participer au spectacle. Il a même le droit à un rapide cours de claquettes où les centaines d’enfants font résonner leurs pieds à tous les étages du Châtelet. Si Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, les spectateurs apprennent que, quand ils marchent, ils font en réalité un savant enchaînement de deux pas classiques de claquettes : dig-toe.
Aux références à Molière qui font sourire les plus grands, répondent celles à Astérix à l’attention des petits. Pour conclure la représentation, Aurélien Lehmann s’amuse à copier Gene Kelly dans sa célèbre scène face aux enfants dans An American in Paris.
Pari réussi pour ce spectacle des « P’tits fauteuils » qui aura su tenir en haleine pendant environ une heure un public captivé d’enfants de tous âges.
Il est certain que cela va susciter, chez petits et grands, un désir d’apprendre à jouer de ce prodigieux instrument : ses pieds ! (les voisins du dessous n’auront plus qu’à bien se tenir !)
Tap Virtuoso, musique et claquettes
Le 6 février 2022 au Théâtre du Châtelet
Tap dance : Aurélien Lehmann ; Piano : François-René Duchâble ; Conseiller à la mise en scène : Jelly Germain ; Avec la participation de la danseuse : Anna Kardanova.