De retour pour quelques dates au Théâtre la Croisée des Chemins, la compagnie Sereno présente The Dreamer ou l’histoire du voyage initiatique de Marlon parti retrouver sa mère. Au-delà des clichés d’une thématique récurrente, cette pièce oscille entre finesse et complexité affirmée. Retour sur un moment théâtral et musical de grande qualité.
Une compagnie fraîchement créée
Prenons le temps de présenter la compagnie Sereno, toute nouvelle dans le spectre des ensembles artistiques. Pas de hasard dans le choix du nom les incarnant, l’inspiration vient des « serenos », anciens veilleurs de nuit espagnols chargés de surveiller les rues et ouvrir les portes des immeubles. C’est donc avec pour ligne de mire l’observation et la contemplation que nos artistes veillent à capter la richesse du monde qui les entoure pour mieux nous raconter des histoires. Au-delà de cette noble intention, ils ont comme point commun une formation artistique reconnue de tous et estampillée gage de crédibilité : le Cours Florent. Forte de cette solide expérience, la compagnie produit également un seul en scène, Le Testament de Vanda, de Jean-Pierre Siméon, qui sera joué fin 2023, ainsi que des adaptations des Bas-fonds de Maxime Gorki, et de la pièce absurde Perplexe de Marius Von Mayenburg.
Une proposition dense et riche
Tout d’abord, nous ne dévoilerons pas grand-chose des subtilités de l’histoire et encore moins de sa fin car comme nous l’avons écrit plus haut, la thématique est celle du voyage initiatique et de son introspection ; elle invite le spectateur à faire de cette pièce la sienne. Néanmoins, nous pouvons vous en révéler suffisamment pour vous donner envie de suivre les aventures de notre protagoniste, que nous espérons retrouver bientôt sur les planches.
Persuadé que sa mère est devenue une grande chanteuse à Broadway, Marlon et son compère Mister Kelly prennent la route direction New York. Sur fond de quelques titres que nous affectionnons beaucoup comme « Pennsylvania 6-500 », le chemin emprunté s’éloigne de plus en plus de la destination finale. William Boutet et Amélie Sureau proposent une scénographie mouvante et singulière accompagnant parfaitement les étapes et pensées bouleversées de Marlon. Le voyage se faisant, le décor – constitué de petits accessoires – évolue avec le personnage, aidé par des lumières tantôt vives, tantôt sombres comme pour illustrer les rites de passages vers un objectif de plus en plus illusoire.
Mettons en avant les passages chorégraphiés pensés par Sarah Murcia et Aude Manzano, présentés comme une échappatoire dans l’expression des sentiments de Marlon. L’alliance de mouvements saccadés mais à la fois très doux sont très agréables à regarder évoluant vers une modernité contrastant les tonalités Jazz Broadway de certains passages. Cette dualité est assez représentative de l’état mental du personnage, la danse devenant de plus en plus difficile à catégoriser au paroxysme des évènements.
Les parties chantées comme attendues classiquement sont moyennement présentes mais l’univers de la comédie musicale est la clef d’une vie meilleure pour Marlon. Les hommages au genre y sont les bienvenus tant par les références citées que par les clins d’œil malins des quelques passages chantés que nous aurions aimés plus nombreux (vive le Magicien d’Oz). Mais comme nous avons eu droit à des claquettes, la boucle est bouclée.
Une équipe de choc
Nous le savons bien, une œuvre puise sa puissance dans l’interprétation qui en est faîte. Zéro faute pour la troupe qui a su captiver son public grâce à la générosité de son jeu. Ajoutons un petit détail qui a son importance : la représentation à laquelle nous avons assistée s’est faite sous une chaleur digne des tropiques difficilement gérable pour le public, alors imaginez pour les comédiens! Les passages d’ensemble ne sont pas les plus nombreux, le récit étant plutôt construit autour de duos ou de scènes jouées en simultané. C’est avec beaucoup de facilité que les artistes naviguent entre les différents registres ; peut-être que leur formation commune au Cours Florent y est pour quelque chose. Et puis, nous sommes toujours ébahis quand les comédiens se dévoilent sous la peau de personnages différents.
Quentin Alfonso De Brito n’échappe pas à la règle. Il est un Marlon attachant pendant les trois quarts de la pièce et nous déstabilise totalement sur le quart d’heure final. Nous l’avons suivi dans son jeu physique et encré, et une seconde suffit pour faire apparaître un nouvel être totalement différent. Les 5 autres artistes alimentent sa présence et participent à recréer l’univers familial direct ou indirect de son personnage avec singularité.
Centaines scènes proposent aussi un terrain de jeu propice à beaucoup de théâtralité, comme l’univers onirique dans lequel notre héros se perd. Vannina Meritan Maïnetti nous envoute à chacune de ses interventions, notamment dans ce passage rappelant étrangement Le Songe d’une nuit d’été. Elle devient aussi très drôle dans son duo avec Lucile Roux-Baucher, dont l’interprétation assurée représente toute la justesse de la troupe.
Pour conclure, disons que la pièce est musicale dans ce qu’elle en raconte. Amoureux transis de la comédie musicale, nous n’avons pas trouvé ce que nous avions imaginé mais un format différent qu’on achète bien volontiers. Nous sommes rassurés car Broadway fait toujours autant rêver !
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