Critique : « Un parfait inconnu » de James Mangold

Temps de lecture approx. 4 min.

Après s’être penché sur la vie du chanteur Johnny Cash dans le film Walk The Line, le réalisateur James Mangold s’intéresse, dans son nouveau film, à une figure insaisissable et iconique dans l’histoire de la musique : Bob Dylan.

"Going Electric"

Il est peu risqué de dire que le genre du biopic a le vent en poupe ces dernières années tant les long-métrages racontant la vie de nombreuses célébrités du monde de la musique pullulent chaque année sur les écrans de cinéma. De Amy Winehouse, en passant par Bob Marley, Elton John ou Freddy Mercury ou plus récemment Robbie Williams, toutes les célébrités y passent. 

Pourtant, lorsque James Mangold annonce son envie de réaliser un film sur Bob Dylan et notamment ses débuts et son passage de l’acoustique à l’électrique, la curiosité est de mise. Habitué des biopics, le réalisateur américain avait déjà brillé avec les films “Une vie volée”, “Le Mans 66” ou encore “Walk The Line” qui avait permis à Reese Witherspoon de remporter l’Oscar de la meilleure actrice en 2006.

Si le choix du réalisateur semble évident, une question subsiste : comment adapter correctement la personnalité si atypique de l’artiste dans un long-métrage de plus de deux heures ? 

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est relevé de manière admirable, malgré quelques petits défauts qui n’entament en rien la qualité globale du film.

From Robert Zimmerman to Bob Dylan

La réussite d’Un parfait inconnu réside dans un premier temps dans les choix narratifs que fait James Mangold. Plutôt que d’adapter l’intégralité de la vie de Bob Dylan, le réalisateur préfère concentrer l’intrigue de son film sur la période 1961-1965 et sur la notoriété grandissante de l’artiste. De son arrivée à New York, en passant par son histoire d’amour avec Sylvie Russo ou encore le scandale provoqué par sa prestation au Newport Folk Festival, le film est une plongée dans la construction du mythe autour de Bob Dylan et n’en devient que plus intéressant tant il parvient à ne jamais perdre son spectateur même si ce dernier n’est pas forcément au fait de la vie de l’artiste. On regrettera toutefois quelques problèmes de rythme qui viennent entacher la qualité du récit, notamment durant la seconde moitié du métrage.

Toutefois, au-delà de sa volonté de retracer une partie de la carrière du chanteur, James Mangold propose une réflexion plus qu’intéressante sur l’industrie du divertissement et cette manière de vouloir absolument cantonner un artiste à un genre bien particulier pour ne pas perdre le public.
Le personnage de Bob Dylan est ainsi tiraillé entre son envie de faire sa propre musique et ce que le public attend de lui, rendant ainsi le titre du long-métrage particulièrement à propos puisque Dylan devient un “parfait inconnu” aux yeux de ses proches mais aussi un inconnu pour lui-même.

“Like a Rolling Stone”

Mais la grande réussite du film provient également de son casting 5 étoiles qui porte le film sur ses épaules.

Timothée Chalamet, plus connu pour ses rôles dans les deux parties de Dune ou encore Call Me By Your Name, livre ici une prestation sans fausse note. Le jeune comédien incarne à la perfection l’icône folk qu’était Bob Dylan, que cela soit dans sa gestuelle ou dans sa manière de parler. On notera également l’interprétation des chansons cultes de l’artiste par l’acteur, qui a notamment appris à jouer de la guitare acoustique et de l’harmonica pour les interpréter.

Autour de lui, on retrouve également Edward Norton dans le rôle de Pete Seeger, le “mentor” de Dylan. Proposant une interprétation toute en douceur et calme, le comédien dégage une aura bienveillante tout en livrant une performance des plus touchantes.

Elle Fanning, quant à elle, interprète le personnage de Sylvie Russo, inspirée de Suze Rotolo, premier amour de Bob Dylan. La comédienne montre tout l’étendue de son talent en incarnant de manière déchirante cette femme qui n’existe qu’au travers de la célébrité de son compagnon et qui a du mal à déchiffrer l’énigme que représente la personnalité de ce dernier.

Monica Barbaro, complète ce quatuor, en étant sans doute l’un des personnages les moins intéressants du lot dans le rôle de la chanteuse folk Joan Baez. Loin de livrer une mauvaise performance, l’actrice est pourtant desservie par l’écriture très programmatique de son personnage qui sert uniquement à amener celui de Bob Dylan dans la direction voulue par le scénario.

Enfin, on pourra noter la présence de nombreux autres comédiens tels que Boyd Holbrook dans le rôle du chanteur Johnny Cash ou encore les apparitions de Norbert Leo Butz (The Last Five Years, Wicked…) et de Dan Fogler.

Un parfait inconnu est un biopic des plus réussis. Bien qu’il ne parvienne pas à entièrement capturer la figure si emblématique de Bob Dylan, il parvient à offrir un scénario de qualité porté par des acteurs investis et la réalisation toujours inspirée de James Mangold.

Un parfait inconnu
Image de Florian Guerard

Florian Guerard

Fan Disney et de cinéma, je grandis en Nouvelle-Calédonie jusqu’à mes 15 ans. C’est à cet âge-là que je découvre le monde de la comédie musicale lors d’un voyage à Londres avec Wicked. Pris de passion pour cet univers, je vadrouille entre Paris, Londres et New York pour en voir le plus possible. Pas étonnant donc de me voir rejoindre Musical Avenue en 2021 pour partager cette p;assion en parallèle de mon activité professionnelle dans le marketing digital
Partager l'article :

NOS PODCASTS

Retrouvez tous nos épisodes de "Musical Avenue, le Podcast" ! Infos, anecdotes, rires ou coups de gueule sont au rendez-vous de ce nouveau format lancé en mai 2022

Dossiers "une saison de musicals 2024-2025"

Que voir en France, à Broadway, dans le West End ou ailleurs dans le monde ? Retrouvez notre sélection de la saison !

Partenaire officiel des Trophées de la Comédie Musicale

Retrouvez tous les informations sur la prochaine cérémonie des Trophées de la Comédie Musicale

Un peu de lecture ?

Articles de la même catégorie