Le grand classique West Side Story n’en finit plus de nous émouvoir, à peine deux ans après la sortie de la nouvelle adaptation de Steven Spielberg au cinéma. Cette fois-ci, c’est une tournée internationale qui pose ses valises à Paris : à voir absolument au Théâtre du Châtelet d’ici le 31 décembre !
une nouvelle production très "américaine"
Si vous faites partie des passionnés de comédie musicale qui ont vu et revu West Side Story sur scène ou au cinéma, il y a fort à parier que vous vous régalerez devant cette coproduction de BB Promotion, Mehr-BB Entertainment, MTI et Sundance Productions, Inc. L’équipe technique et créative, musiciens et artistes viennent principalement des Etats-Unis et ont roulé leur bosse du côté de Broadway, Off-Broadway et/ou du West End : nul doute que pour eux, avoir le privilège de jouer cette histoire profondément américaine dans un théâtre aussi symbolique à Paris doit être sacrément spécial. Cette comédie musicale version 2023 est convaincante grâce à sa scénographie, musique et mise en scène qui donnent du peps !
Lonny Price, qui avait brillamment mis en scène Glenn Close dans le revival de Sunset Boulevard en 2017, est aux commandes de cette nouvelle mise en scène. Il s’est attaché les services de Julio Monge, lui-même d’origine portoricaine comme de nombreux personnages du spectacle West Side Story, pour créer les chorégraphies très inspirées et respectueuses de la version d’origine de Jerome Robbins, parfaitement exécutées par la troupe. L’histoire des Jets et des Sharks, inspirée de « Roméo & Juliette », est le prétexte parfait pour proposer des danses de style à la fois très urbaines, jazzy et contemporaines. La présence de l’orchestre dirigé par Grant Sturiale, avec 20 musiciens, sublime la musique de Leonard Berstein, intemporelle malgré ses 65 bougies d’anniversaire.
quels décors et costumes !
Dans cette production, nous avons été marqués par les couleurs des costumes d’Alejo Vietti : tantôt du bleu, jaune et kaki pour les Jets, du rouge et violet pour les Sharks, jusqu’à du rose et orange pour le remarquable numéro « America » emmené par la prestation énergique de Kyra Sorce (Anita). Côté interprétations, globalement la troupe s’en sort plutôt bien avec une mention spéciale pour Melanie Sierra (Maria). Le personnage qu’elle incarne est souvent très insipide, lisse, oubliable. Ici, elle fait preuve de beaucoup de caractère, à la fois dans son chant et son interprétation, en particulier dans le 2ème acte avec des moments phares comme « I Feel Pretty » et le duo rageur avec Anita sur « A Boy Like That ». Son couple avec Jadon Webster (Tony) fonctionne correctement, même si – comme d’habitude avec West Side Story – on se demande toujours comment il est possible de tomber aussi vite amoureux lors d’une scène de danse où on est davantage captivés par la force et sensualité dégagées par les autres danseurs-comédiens.
Autre étonnement qui n’est pas propre à cette production de West Side Story : le ballet de « Somewhere » arrive toujours autant comme un cheveu sur la soupe, avec pourtant une magnifique chanson que l’on aurait espéré être reprise à la toute fin du spectacle lors de la scène finale qui se termine un peu précipitamment. Quoiqu’il en soit, la production est vraiment magnifique et bien servie par une scénographie de tout premier plan : la qualité des décors d’Anna Louizos (nommée plusieurs fois aux Tony Awards) et la création lumière et sonore de Fabrice Kebour et Tom Marshall sont à souligner. Contrairement à la production du 50ème anniversaire de West Side Story qui se servait allégrement de projections sur écran, nous avons ici une reproduction des quartiers new-yorkais des années 50 avec ses immeubles délabrés et affiches publicitaires représentés sur des structures mobiles ingénieuses.
Un public conquis et au rendez-vous
Le Théâtre du Châtelet était plein à craquer lors de la représentation à laquelle nous avons assisté, et de ce que nous avons pu voir sur la billetterie en ligne du théâtre : il ne reste plus tant de places que ça en vente d’ici la dernière représentation du 31 décembre prochain. A en croire les applaudissements chaleureux reçus par la troupe et les musiciens à la fin du spectacle, nul doute que le public s’est régalé autant que nous devant cette production internationale qui n’a rien à envier aux précédentes qui rendaient déjà un joli hommage au phénomène West Side Story. Dans une période d’actualité où les conflits, la guerre et l’intolérance règnent, il y a fort à parier que cela résonnera d’autant plus dans les esprits avec un message d’espoir et d’humanité imaginé par Arthur Laurents et Stephen Sondheim qu’on ne se lasse pas d’écouter et de partager.
