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A une époque où les relations entre hommes à l’intérieur de l’armée américaine étaient – si pas exactement tolérées – acceptées d’une manière tacite, les hommes pouvaient à l’occasion se satisfaire entre eux pour lutter contre leurs frustrations dans le cocktail d’adrénaline et de testostérone. Comme un des personnages de ce drame musical, qui ne manque pas d’humour, l’exprime : « le crime n’est pas de le faire, mais de vouloir le faire ». En d’autres termes, le crime pouvait être de se faire accuser d’homosexuel.
Le livret de David Zellnik raconte l’histoire de Stu (brillamment interprété par le merveilleux débutant Scott Hunter tout droit sorti de la Mountainview Academy of Theatre Arts), un jeune adolescent qui s’engage vers la fin de la guerre et tombe sur le charme de Mitch, un gay réservé, interprété avec également beaucoup de nuance par Andy Coxon. Quand il quitte son régiment pour un poste dans la magazine de propagande Yank!, il rencontre Artie (interprété par Chris Kiely), un homme plus épanoui dans ses préférences avec lequel il explore sa sexualité sans pour autant oublier Mitch.
La musique du frère de David, Joseph Zellnick, témoigne de l’admiration qu’il porte aux musicals d’Hollywood et les chansons semblent avoir été écrites par Rodgers et Hart. L’excellente Sophie-Louise Young, vue dans le rôle de Julie Andrews dans Julie, Madly, Deeply et dans Jerry’s Girl au Saint James Studio, interprète tous les rôles féminins, lui donnant l’occasiond’interpréter quelques chansons semblant tout droit sorties des programmes radios des années 40, comme « Blue Twilight ».
Dans un musical sur la sexualité refoulée, il est naturel que la danse soit la métaphore pour le sexe, et le chorégraphe Chris Cumming réussit parfaitement à exprimer cela, particulièrement dans les duos de claquettes, dans lesquels Arty prend le jeune Stu en main.
L’attitude contradictoire de l’armée envers les homosexuels est bien illustrée à travers les portraits des folles tordues sténographes et la secrétaire lesbienne du général qui ne garde son job que parce qu’elle fait beaucoup plus qu’elle ne doit normalement faire. Et si la fin n’est pas celle d’un conte de fée, elle reste malgré tout optimiste dans la lutte contre un système capable de dénigrer ses propres membres pour avoir commis le seul péché de l’amour.
Un musical sérieux et engagé, mais avec une bonne dose de divertissement, une partition sympathique et délicieusement retro, un deuxième acte plus sombre et des décors minimalistes de Victoria Hinton qui aident à nous concentrer sur le drame intérieur des personnages, Yank! s’exprime naturellement à travers le chant et la danse, et n’est-ce pas l’essence même du musical ? En bref, ce spectacle n’est à manquer sous aucun prétexte jusqu’au 19 août au Charing Cross Theatre.
Yank!
Au Charing Cross Theatre jusqu’au 19 août à Londres
Mise en scène : James Baker ; Direction musicale : James Cleeve, Chorégraphies : Chris Cumming, Décors : Victoria Hinton, Lumières : Aaron J. Dootson, Sons : Chris Bogg, Directeur de casting : Benjamin Newsome
Avec : Scott Hunter, Andy Coxon, Waylon Jacobs, Bradley Judge, Scott Davies
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