Sept ans après le Sweeney Todd de Tim Burton, c’est au tour d’un autre grand classique de Stephen Sondheim d’être adapté sur grand écran, derrière la caméra de Rob Marshall (Chicago ; Nine) cette fois ci. Il s’agit d’Into the Woods, que le public parisien a pu découvrir la saison passée au Théâtre du Châtelet.
Il aura fallu attendre vingt-sept ans pour que l’un des chefs d’oeuvre de Stephen Sondheim connaisse les honneurs d’une adaptation cinématographique. C’est dire si les attentes était grandes, mais non sans craintes. En effet si Rob Marshall avait plutôt bien réussi l’adaptation de Chicago au cinéma, ce n’était pas vraiment le cas pour sa version de Nine. De plus, il y a quelques mois, le site américain Playbill avait publié un article, plutôt alarmant, sur les changements par rapport à la version scénique effectués pour le film, dans le but de rendre l’oeuvre plus familiale. Car ne l’oublions pas, le film est produit par la société Disney…
Malgré toutes ses appréhensions, on ressort de ce film plutôt enthousiaste. La première partie reste très fidèle à l’oeuvre, avec une esthétique de conte de fées superbe. On retrouve avec plaisir les personnages et les chansons de la pièce. Et, fort heureusement, Rob Marshall a abandonné son procédé habituel dans lequel il faisait se dérouler tous les passages chantés dans la tête du personnage central (procédé qui se prêtait bien à Chicago, beaucoup moins dans Nine, et qui aurait été un parfait non sens dans le cas d’Into the Woods). On passe donc un très bon moment de ce point de vue là.
La deuxième partie, plus corrosive et beaucoup moins dans l’esprit Disney, est comme on pouvait s’y attendre légèrement édulcorée, mais moins que ce que l’on pouvait croire (ce qui va faire que le film sera un peu compliqué à vendre auprès des familles).
On regrettera quand même qu’ils aient dû retirer certaines chansons, notamment l’hilarante reprise de »Agony », et également qu’ils aient mis un peu de côté le thème des relations entre les parents et les enfants, un des thèmes principaux du spectacle. De ce fait, la chanson »No One Is Alone » perd un peu de son impact.
Le casting, très prestigieux, s’en donne à cœur joie à jouer cette galerie de personnages haut en couleurs. On retiendra la sorcière mordante de Meryl Streep, l’irrésistible duo des princes (Chris Pine et Billy Magnussen), la charmante Cendrillon d’Anna Kendrick ou encore le Petit Chaperon Rouge à croquer de Lilla Crawford. Mais si il ne fallait citer qu’un nom, ce serait celui d’Emily Blunt. Elle n’est peut être pas la plus grande chanteuse de la distribution (mais elle est l’une des rares à ne pas chanter de façon pop), mais elle a parfaitement saisi l’esprit de l’oeuvre et chacune de ses interventions est un régal.
La seule erreur de casting à déplorer est celle d’avoir confié le rôle de Jack à un enfant, ce qui enlève tout le côté drôle du personnage. On regrettera aussi que Johnny Depp nous refasse du Jack Sparrow…
Au final ce film est une bonne occasion de faire découvrir l’oeuvre à un plus grand public, mais pas sûr que ce dernier se rende dans les salles pour le voir…
Into the Woods, promenons nous dans les bois, de Rob Marshall
Musiques et paroles: Stephen Sondheim
Scénario: James Lapine
Production: John DeLuca, Rob Marshall, Callum McDougall, Marc Platt, Angus More Gordon, Michael Zimmer
Avec: Meryl Streep, Emily Blunt, James Corden, Anna Kendrick, Daniel Huttlestone, Lilla Crawford, Chris Pine, Billy Magnussen, MacKenzie Mauzy, Tracey Ullman, Johnny Depp, Christine Baranski, Lucy Punch, Tammy Blanchard, Joanna Riding, Frances de la Tour, Simon Russell Beale, Annette Crosbie, Richard Glover