Critique : "Were The World Mine" de Tom Gustafson, au cinéma en France depuis le 26 janvier

Temps de lecture approx. 3 min.

Annoncée puis retardée à plusieurs reprises, la sortie de Were The World Mine sur les écrans français mercredi 26 janvier 2010 est restée très discrète. Le film n’est d’ailleurs exploité que dans une seule salle en France.

Dans une petite ville américaine, Timothy est le seul gay de son lycée. Lorsque la professeur de théâtre décide de mettre en scène Le Songe d’une Nuit d’Eté de Shakespeare, Timothy voit enfin l’occasion de s’imposer face à ses camarades dont il est le souffre douleur. En suivant à la lettre la prose du célèbre dramaturge, il met au point un philtre d’amour qu’il se presse d’essayer sur l’objet de son affection, le beau gosse de service. Il répand ensuite la précieuse potion sur l’ensemble de la ville qui se transforme ainsi en joyeux village gay…

Were The World Mine a reçu une pluie de récompenses en sillonnant les festivals de films indépendants et gays. Plus d’un an après sa sortie américaine, le long métrage de Tom Gustafson arrive enfin en France précédé d’un buzz assez important qui, malheureusement, risque de tristement décevoir le public. Certes l’imagerie homo-érotique et kitsch assumée, lorgnant volontiers vers un univers à la Pierre & Gilles, est impeccable. L’esthétisme du film colle parfaitement à son histoire : fleurs et couleurs composent le décor rêvé pour cette histoire aux accents féériques.

Cependant, malgré cet environnement visuel châtoyant, le film ne s’envole jamais. Les mélodies signées Jessica Fogle semblent ne seulement décoler qu’à de rares exceptions. On n’a l’impression d’assister qu’à des débuts de chansons, coupant net interprètes (et auditeurs) dans leur élan. Frustrant.

Les scènes oniriques, plutôt réussies, ponctuent des passages de comédies manquant cruellement de subtilité, forçant le trait de stéréotypes bien usés. Même si les interprètes, touchants, réussissent parfois avec un regard ou un début de sourire à soulever une once d’émotion, celle-ci est bien trop vite étouffée.
Tanner Cohen, l’interprète principal, s’en sort plutôt bien. Très crédible, le jeune acteur au visage angélique a d’ailleurs son propre groupe d’électro, The Guts, invités musicaux à la fin du film.

Tiré du court-métrage Fairies du même réalisateur en 2003, Were The World Mine souffre donc d’un gros manque de poésie et de sentiments et empêche les spectateurs d’entrer totalement dans l’univers créé pour l’occasion. On attendait l’inventivité et l’audace du Roméo + Juliette de Baz Luhrmann en 1996, mais malgrés ces promesses, le charme et l’émotion font défaut.

Were The World Mine
Date de pré-sortie cinéma : 21 novembre 2009
Date de sortie cinéma : 27 janvier 2010
Réalisé par Tom Gustafson
Avec Tanner Cohen, Wendy Robie, Nathaniel David Becker
Long-métrage américain (1h35 min)
Année de production : 2008
Distribué par Acte Films

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