L’Argentine envahit le théâtre Comédia. A peine entrés dans le hall, deux danseurs de tango, nous accueillent avec quelques pas de danse. Une chanteuse, accompagnée d’un guitariste, nous plonge dans l’ambiance d’Amor Amor… à Buenos Aires, mise en scène par Stéfan Druet, qui a choisi de nous immerger au cœur de la ville dans un hôtel de famille de la capitale argentine.
Cette pension est tenue par Alba, la maîtresse de maison, la quarantaine. Elle vit avec Zulma, sa mère. Elsa et Claudia, ses sœurs, sont deux vieilles filles un peu bizarres et complètement obsédées par les hommes en général et par Alvaro, le bel argentin, locataire du premier étage, en particulier. Ce dernier n’a pourtant d’yeux que pour Yolanda, la nouvelle locataire. Quand on lui demande son métier, Yolanda répond du tac au tac : "Moi ? Je fais plaisir aux hommes…" C’est alors qu’arrive Ottavia la Blanca, débarquant tout droit du Cabaret Bonjour Paris (c’est ce qu’elle dit), accompagnée par Pedro, son garde du corps et de ses quatre amis danseurs. Mais qui est-elle vraiment ?
Une nouvelle dimension
Pour cette nouvelle version, les concepteurs du show ont vu les choses en grand.
En effet, un décor unique, mais digne des plus grandes productions, a été imaginé et monté par l’Argentin Roberto Platé, qui nous plonge dans la cour de la pension d’Alba. Du linge est étendu aux balcons, on s’interpelle par les fenêtres. Le doute n’est pas permis, nous sommes bien à Buenos Aires. L’ambiance est parfaitement restituée.
De plus, la bonne idée a été d’ajouter des chorégraphies réglées comme du papier à musique par Caroline Roëlands et exécutées par quatre danseurs, jouant également les clients de l’hôtel, amis d’Ottavia la Blanca. Cela nous permet d’assister entre autres, à plusieurs numéros de tango, particulièrement réussis. Mais aussi, le fait d’avoir beaucoup de monde sur scène rythme la pièce qui pourtant n’en a guère besoin.
Une mise en scène énergique sur des airs latinos
La mise en scène de Stéphan Druet est ingénieuse, jouant entre ombres et lumières. La grande scène du Comédia donne lieu à une course poursuite, entre Alba et sa mère Zulma, des plus… magiques ! Les scènes de groupes sont rythmées et drôles mais peuvent aussi être émouvantes. Tout le monde chante et danse. La plupart des personnages ont un solo et des chansons de groupe.
Parlons des chansons, justement, qui sont pour la plupart des classiques espagnols ou d’Amérique latine. On pourra ainsi entendre "Es mi hombre" (version espagnole de "Mon homme" interprétée en français par Mistinguett), "Se dice de mí"… Et même sans être fan inconditionnel de Shakira, la scène de rupture de deux des protagonistes sur l’air d’un de ses tubes "Te aviso, te anuncio (tango)", nous paraît délectable. Enfin le final sur "Amor amor" (popularisée en France par Dalida et Tino Rossi, dans une version plus lente) enflamme le public. La plupart des chansons est interprétée en direct par les comédiens qui chantent plutôt juste, même si on comprend que certains sont plus à l’aise dans la comédie que dans le chant.
Ce n’est pas le cas de Sebastián Galeota qui joue le rôle d’Ottavia la Blanca. En effet, il incarne son personnage pleinement, en dansant, jouant, chantant et parfois les trois en même temps, le tout, dans une bonne demi-douzaine de costumes différents dont on devine qu’ils sont plus ou moins confortables.
Enfin, l’humour est loin d’être absent de ce musical chic et décalé. Situations cocasses, chamailleries de familles qui dégénèrent en bagarre "à la Matrix" et personnages haut en caractère composent cette pièce. On retiendra notamment, le personnage de la grand-mère, fumeuse d’herbe, au potentiel hautement comique, interprétée par Stéphane Eloy, qui nous gratifie de quelques répliques mémorables.
Dans un univers baroque, avec ses sons latinos, ses danseurs de tangos, son humour décalé et sa famille pour le moins originale, Amor Amor… à Buenos Aires est le remède garanti contre la déprime hivernale.
Visionnez la bande annonce du spectacle :
Amor Amor… à Buenos Aires, mis en scène par Stéphan Druet
A partir du 20 janvier au Théâtre Comédia (4 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris)
Du mardi au vendredi à 20h30, samedi et à 17h, samedi à 21h.
De 10 € à 24,50 €
Avec Sebastián Galeota, Mona Heftre, Cécilia Filippi, Emma Fallet, Laura Lago, Stéphane Eloy, François Briault, Salem Sobihi et la participation exceptionnelle de Coco Dias.
Chorégraphie : Caroline Roëlands, Lumière : Régis Vigneron, Son : Philippe Parmentier, Costumes et chapeaux : Michel Dussarat, Maquillage : MAC
Réservations auprès des points de vente habituels et sur www.theatrecomedia.fr