Critique : "Chienne" au Vingtième Théâtre

Temps de lecture approx. 3 min.

Critique : "Chienne" au Vingtième ThéâtreUne laisse attachée à un arbre entouré de quelques feuillages et au fond de la scène, quelques sacs poubelles négligemment disposés… C’est sur cette scène dépouillée que Chienne, le nouveau spectacle musical d’Alexandre Bonstein, prend forme tous les soirs au Vingtième Théâtre.

Une vision délicieusement décalée de la condition canine

Que ce soient les classes sociales entre toutous (où l’on apprend que les labradors font figures de têtes de turcs), ou les rapports plus qu’ambigus entre une chienne et son maître, Chienne est le prétexte à une formidable réflexion sur les animaux domestiques à poil, du point de vue d’un canidé.

Ce canidé, c’est Perle, une caniche royale, ancienne bête de concours ayant remportée plusieurs concours de beauté, et dont l’égo s’en trouve considérablement enflé. Alors qu’elle attend son maître adoré parti faire une course, Perle divague sur sa condition et se pose plusieurs questions existentielles… Mon maître est-il autant fidèle que moi ? Pourquoi les labradors sont-ils aussi stupides ? Mon maître m’a-t-il oubliée et m’abandonne-t-il ici ? Quelle est l’étymologie du nom "caniche" ? Et qui sont ces cabots de banlieue qui me tournent autour ?

Un humour-chien bien acéré

L’écriture d’Alexandre Bonstein prend ici toute son ampleur. Alors que Créatures (4 nominations aux Molières 2004/2005) faisait déjà la part belle au délire humoristique débridé de l’auteur, Chienne est l’occasion de livrer des réflexions acides et plus farfelues les unes que les autres, qui semblent malgré tout totalement maîtrisées, servant une narration certes anecdotique, mais pleine de bon sens et de fraîcheur.

Musicalement, l’œuvre atteint des sommets de loufoquerie. Les instruments, rares ou incongrus comme d’improbables synthés ou même un theremin, accompagnent des paroles aussi inattendues que facétieuses, et surprennent le spectateur dans un univers étrangement et tendrement poétique.

Des musiciens qui complètent bien la performance d’Isabelle Ferron

Sur scène, Isabelle Ferron rayonne dans le costume blanc et frisé de Perle. La comédienne, incontournable dans la comédie musicale française (elle était au générique des Misérables, de Roméo et Juliette ou encore d’Un Violon sur le toit), est comme un poisson dans l’eau et semble prendre un grand plaisir à nous conter ses aventures à quatre pattes. A la musique, ses non moins talentueux acolytes Jérôme Lifszyc et Thomas Suire sont de véritables faire-valoir qui contribuent eux aussi au comique de Chienne.

Autant de bonnes raisons d’aller savourer ce beau "nonosse" jusqu’au 6 février 2011 au Vingtième Théâtre à Paris.

Le site du spectacle: www.chiennethemusical.com


Chienne, d’Alexandre Bonstein

du 5 novembre 2010 au 6 février 2011
du mercredi au samedi à 20h et le dimanche à 15h, de 12 à 24 €

Vingtième Théâtre
7 rue des Platrières
75020 Paris

Costumes : Michel Dussarrat ; Lumières et scénographie : Philippe Quillet ; Son : Claudie Martin.

Avec Isabelle Ferron, Jérôme Lifszyc et Thomas Suire.

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