La tournée mondiale Corteo du Cirque du Soleil, entamée dans son pays d’origine à Montréal en 2005, fait escale à Paris sur l’île Seguin. Sans dressage d’animaux mais avec une esthétique propre et un sens du spectacle inouï, la troupe nous livre une réinterprétation des arts forains d’une impeccable qualité.
Le cortège auquel le titre fait référence en italien est la procession qui accompagne l’enterrement d’un vieux clown. Un postulat pas forcément aussi triste qu’il y paraît : ce carnaval bigarré prend alors son élan et nous fait revivre le parcours de l’artiste, alors que celui-ci assiste à la scène en compagnie des anges.
Entre Comedia del Arte et folklore tzigane, Corteo est un superbe patchwork, une succession de tableaux poétiques et enchanteurs. Ce spectacle de la multinationale québécoise, qui réinvente le cirque depuis 1984, rend un bel hommage au cirque italien en faisant cohabiter Monsieur Loyal, clown blanc et auguste avec nains, géant, et autres créatures tout droit sorties d’un freak show de fête foraine. Signalons d’ailleurs ici que la créativité des costumes (arlequins, gitans, fées…) et des décors (rideaux, ampoules, structures…) permettent au chapiteau géant dressé sur cet îlot à Boulogne de prendre des allures de grand barnum moderne.
Le spectacle est bien sûr essentiellement basé sur des numéros d’acrobatie classiques (échelle, duo acrobatique, anneaux, marionnettes, trampolines, jongleries, etc.) interprétés avec brio par 62 artistes d’une vingtaine de nationalités. Les deux heures de spectacle sont habillées d’une magnifique musique qui apporte une toute nouvelle dimension aux exploits physiques des artistes sur scène. Le créateur du spectacle, Daniele Finzi Pasca (créateur du Teatro Sunil qui a également travaillé avec le Cirque Eloize, autre référence du "nouveau Cirque" québécois), a choisi de collaborer avec plusieurs compositeurs : Philippe Leduc, Maria Bonzagino, ainsi que Jean-François Côté et Michael A. Smith. Accordéon, guitares, claviers… les influences sont nombreuses. Principalement méditerrannéens, ces accents se rapprochent tantôt d’un film de Kustirica, tantôt du tango moderne de Gotan Project. Fait remarquable pour un spectacle de cirque, nombre des morceaux sont chantés, en live qui plus est, par les artistes composant la troupe. Émotion garantie.
Corteo nous embarque ainsi dans ce que la scène contemporaine peut nous proposer de mieux en matière de cirque, dans un somptueux voyage où rien n’est laissé au hasard et où tout s’imbrique parfaitement avec un raffinement exemplaire.
Corteo, du Cirque du Soleil
Au grand chapiteau de l’île Seguin, Boulogne Billancourt (métro Pont de Sèvres)
Un spectacle créé et dirigé par Daniele Finzi Pasca
Directeur de la création : Line Tremblay ; Chef d’orchestre : Roger Hewett ; Directeurs musicaux et compositeurs : Philippe Leduc et Maria Bonzanigo ; Décors : Jean Rabasse ; Costumes : Dominique Lemieux
Du 4 novembre au 31 décembre 2011
De 34 à 375 € (tarifs enfants, étudiants et personnes âgées disponibles).
Site Internet : www.cirquedusoleil.com/fr/shows/corteo