Coups de Foudre
Jusqu’au 3 juillet au Théâtre Marsoulan, le jeudi à 21h30, le vendredi à 19h30 (de 12 à 18€)
Serez-vous coupdefoudrés par "Coup de Foudre" ?
Reprise, depuis la semaine dernière au Théâtre Marsoulan de ce spectacle musical dont la distribution ne comporte pas moins de onze comédiens-chanteurs et un pianiste (c’est bien, mais tout cela est-il viable économiquement parlant ? Je m’interroge…)
Matière première du show : les variétés de ces soixante dernières années traitant de l’amour. Soit 99,9% du répertoire, "parce que toutes les chansons racontent la même histoire"… De Boris Vian à Lorie (aucun claquage n’a été signalé dans ce grand écart assez impressionnant).
L’histoire : tient en une ligne. Eris, déesse de la discorde, passe se journées à défaire les couples, aidée de son petit personnel.
Parlons d’abord de la forme.
Jean-Baptiste Arnal, metteur en scène, réussit un travail extrêmement soigné, pro, et d’une grande précision. Ses personnages sont parfaitement dessinés, même si l’on pourrait reprocher un copié-collé de l’univers de Burton un peu trop flagrant, et du coup un manque d’originalité, en ce qui concerne Eris et ses aides. Les trois couples mis à mal par cette dernière semblent tout droit sortis des comédies musicales des années 60, 70 et 80. Les looks sont là, le jeu aussi. C’est plutôt drôle et séduisant.
Les voix, de bon niveau, sont homogènes et agréables (mention spéciale pour Emmanuel Vacarisas, Hermès, et léger bémol en ce qui concerne Célia Delaruelle, Eris, un peu en dessous des autres). Tous possèdent une excellente énergie et semblent prendre un vrai plaisir sur scène.
Le travail chorégraphique est lui aussi simple mais efficace, sans faux pas. Et si d’aucuns ont trouvé un manque de subtilité dans les arrangements, cela ne m’a pour ma part pas choqué outre mesure.
Enfin, costumes décors et lumières sont léchés et l’on est même surpris de trouver une telle qualité pour un spectacle existant dans une économie si… modeste, dirons-nous.
Il y a un "Mais"…
C’est très bien fait, MAIS cela ne raconte rien… En tous les cas pas grand chose. Il manque un propos, un angle, un enjeu. Forts !
Le problème majeur vient, selon moi, du fait que la priorité des créateurs de Coups de Foudre fut d’intégrer un maximum de chansons d’amour, voire toutes ! quitte à se munir d’un chausse-pied ou de forceps (certains extraits durant à peine cinq secondes), plutôt que de développer une histoire, et des rapports entre les personnages réduits au minimum.
Sans dialogue, uniquement munie de ces extraits, l’amie Eris passe une heure trente à semer la zizanie dans les cœurs, mais pourrait continuer pendant des journées entières, car comme écrit ci-dessus la liste des chansons sur le sujet est longue, ou s’arrêter au bout de dix minutes, tant cette situation de départ (qui n’est par ailleurs pas inintéressante) n’évolue pas. Ou si peu.
Devant ce zapping géant du Top 50 français des dernières décennie, l’ennui guette le spectateur assez rapidement, et c’est bien dommage.
Cela dit, une jeune fille dans le public confiait à sa voisine, pendant la représentation, le sourire aux lèvres : "Je connais toutes les chansons ! C’est super !"… Moi aussi, mais cela ne m’a pas suffit.
A vous de voir ce que vous venez chercher au théâtre pour une vingtaine d’euros. Les Années Tubes, ou des émotions à travers des histoires…
Coups de Foudre de Gabrielle Laurens, Jean-Baptiste Arnal et Catherine Robert, avec Aurélia Arnaud, Matthieu d’Aurey, François Borand, Vanessa Cailhol, Célia Delaruelle, Cécile Dumoutier, Angélique Fridblatt, Lorelyne Foti, Gabrielle Laurens, Marion Lépine, Rachel Pignot, Julien Salvia, Emmanuel Vacarisas et au piano Sébastien Ménard.