La famille, c’est bien connu, ça ne se choisit pas. Pendant les fêtes de fin d’année, vous avez subi ou retrouvé avec bonheur (au choix) vos frères, sœurs, parents, belles-mères et autres oncles blagueurs…
Profitez du calme du mois de février pour découvrir les dysfonctionnements cocasses d’une famille française typique – ou presque – des années 60 dans Dîner de Famille, un "vaudeville yéyé" sympathique qui se joue tout le mois au Ciné 13 Théâtre.
Drôle de famille : un père impuissant qui ne pipe mot, une mère trop parfaite qui confectionne les tartes Tatin à tour de bras, une fille enjouée très fleur bleue, son petit ami fou de travestis, le fils antipathique qui rêve d’être fonctionnaire et sa fiancée nymphomane sous prozac… lorsque ces six énergumènes se réunissent, le repas dominical tourne forcément au cauchemar !
Sauf pour les spectateurs qui se délectent des situations absurdes, des bons mots et des chansons yéyés auxquelles s’adonne cette bande de doux dingues.
Astien Bosche (paroles et livret) et Timothée Hamy (musique) signent cette comédie plaisante qui se donne pour ambition de donner un coup de jeune au vaudeville et à la musique des années 60, deux genres que le modernisme a relégué au rang de la ringardise.
Présentée dans une version courte au concours d’écriture et de mise en scène du Théâtre du Rond-Point en 2009, la comédie musicale s’est aujourd’hui développée dans un format long qui transforme l’essai avec brio.
Les airs yéyés qui composent Dîner de famille tirent leur force de la simplicité et de l’efficacité des mélodies des années 60. On reconnaît pêle-mêle l’influence de Johnny, Dick Rivers ou encore Sheila…
Les textes mêlent habilement le vocabulaire gentillet des chansons de l’époque aux saillies anachroniques et libérées de tout tabou : cette galerie de yéyés bouillonne d’obsessions à faire rougir les hippies qui leur succèderont quelques années plus tard…
L’arrivée surprise d’un vieil oncle disparu pendant dix ans vient canaliser les débuts foutraques de la pièce qui, dotée de cet élément perturbateur, trouve son rythme de croisière.
Le grain de folie qui anime cette troupe énergique n’est pas sans rappeler les délires de la grande époque du Splendid.
Les jeunes artistes de ce Dîner de famille sont tous issus des classes du conservatoire du 20ème arrondissement. Dans le rôle de la mère insatisfaite qui demande le divorce, Clara Brajtman (Rocky Horror Live! en Italie) sort du lot pour sa maturité vocale certaine. Sa belle-fille coincée, interprétée par Marie-Mathilde Amblat, réserve quelques uns des moments les plus drôles du spectacle, dont notamment la chanson "Tendresse animale" dans lesquelles elle laisse éclater son hypersexualité aux yeux de tous.
Matthias Jacquin, dans le rôle du beau-fils inverti également pianiste accompagnateur, excelle à jouer les désespérés désespérants tout en démontrant d’excellentes dispositions de chanteur.
Le reste de la distribution est tout aussi charmant, et est complété par Aurélien Osinski, comédien plus expérimenté qui campe un oncle lourdingue du meilleur effet.
On excusera à ce Dîner de famille un vocabulaire parfois répétitif et un dénouement pas totalement convaincant pour ne retenir que l’essentiel : avec leurs mélodies accrocheuses et un humour qui fait mouche bien qu’il soit souvent placé au-dessous la ceinture, les sept personnages de cette drôle de smala nous entraînent sans retenue dans une relecture débridée des années 60. Un petit plaisir farfelu à aller voir si vous êtes de passage dans le quartier.
Dîner de famille, de Astien Bosche
Du 1er au 25 février
Au Ciné 13 Théâtre
1 avenue Junot, 75018 Paris
Du mercredi au samedi à 21h45, le dimanche à 17h30.
Livret et paroles : Astien Bosche ; mise en scène : Fanny Zeller ; musique : Timothée Hamy.
Avec : Marie-Mathilde Amblat, Astien Bosche (en alternance avec Nikola Krminac), Clara Brajtman, Baptiste Haslay, Matthias Jacquin, Anne-Laure Laithier et Aurélien Osknski.