Après avoir été acclamé par plus de 600.000 spectateurs à travers le monde depuis sa première représentation en 2004, le spectacle musical écrit par Félix Gray et mis en scène par Gilles Maheu a repris vie jeudi soir à Montréal avec une nouvelle distribution.
Passion, désirs et trahison sont en ce moment au rendez-vous à la salle Wilfrid-Pelletier de Montréal. Qu’on aime ou pas les balades de Félix Gray, difficile de résister aux attraits de ce spectacle, dont les faiblesses sont éclipsées par les remarquables numéros de danse et le talent de Jean-François Breau qui incarne un Don Juan romantique.
Le chanteur acadien reprend en effet son rôle, sans jamais avoir l’air blasé, comme s’il interprétait le célèbre séducteur pour la première fois. Avec sa voix claire et puissante, sa présence scénique et son jeu nuancé, c’est lui qui porte le spectacle à bout de bras. On croit à son personnage et on attend avec impatience les numéros où il est à l’honneur. Sa compagne dans la vie, Marie-Ève Janvier, interprète également à nouveau Maria avec beaucoup de sincérité et de naturel.
Si le couple s’illustre dans les rôles principaux, le reste de la distribution souffre d’une inévitable comparaison avec les interprètes originaux de la pièce. Le défi était de taille particulièrement pour Étienne Drapeau qui reprend le rôle de Don Carlos dans lequel Mario Pelchat avait livré une performance mémorable. Si l’ex-académicien n’a pas la même maturité que l’interprète original reconnu pour sa voix à la fois douce et grave, il parvient tout de même à installer une certaine alchimie avec son protégé.
Natasha St-Pier est certes très à l’aise vocalement, mais il est quelquefois difficile d’oublier la chanteuse au profit du personnage d’épouse trahie de Don Juan. Jonathan Roy tire son épingle du jeu dans la peau de Raphaël, mais son manque d’expérience scénique l’empêche parfois d’être aussi à l’aise que Philippe Berghella dans la production originale. Amélie B. Simard demeure la belle surprise de cette nouvelle mouture et se défend bien dans le rôle d’Isabel.
En plus de la qualité des décors et des éclairages, l’excellente intégration des combats à l’épée et l’esthétique d’ensemble, Don Juan se démarque par ses épatants numéros de danse. Les danseurs de flamenco nous livrent des performances exceptionnelles, sans oublier les interprétations gitanes de Chico Castillo qui apportent une valeur ajoutée au spectacle.
Pour ce qui est du ton plus rock du spectacle, il parvient à moderniser l’œuvre. Les fans des succès comme "Changer" et "Du Plaisir" sont servis, même si la bande-sonore préenregistrée est parfois trop forte pour pouvoir bien apprécier les prestations vocales des artistes. Un des plus beaux moments de la soirée reste l’interprétation à plusieurs de la pièce Seul avec la scène pivotante qui nous amène d’un personnage à l’autre de manière habile.
À l’approche de la Saint-Valentin, Don Juan est un spectacle très plaisant à voir. Vous passerez un agréable moment sous le charme de ce personnage mythique !
Don Juan de Félix Gray
Du 2 au 12 février 2012 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts à Montréal
Paroles et musique de Félix Gray
Mise en scène : Gilles Maheu ; Direction artistique : Wayne Fowkes ; Chorégraphies Angel Rojas et Carlos Rodriguez ; Réalisation et direction musicale : Guy St-Onge ; Costumes : Georges Lévesque et Michèle Hamel ; Scénographie : Guillaume Lord ; Éclairage : Axel Morghentaler.
Avec : Marie-Eve Janvier (Maria), Jean-Francois Breau (Don Juan), Amélie B. Simard (Isabel), Étienne Drapeau (Don Carlos), Natasha St-Pier (Elvira), Jonathan Roy (Raphaël) et Normand Lévesque (Don Luis).
Danseurs : Adrian Maqueda, Aitor Hernandez Sanzano, Ana Del Rey Guerra, Antonio Lopez Ramirez, Cristian Perez Sanchidrian, Elena Palomares Serrano, Emilio Jose Ochando, Estela Alonso Yusta, Isaac Tovar, Lidia Gomez, Maria Martinez Baltar, Vanessa Aibar, Vianney Llesta.
Musiciens : Joël Nétry, Tonio Cortes et Jonathan Brochu.