C’est dans la salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond-Point que se joue la nouvelle création d’Alain Marcel, Encore un tour de pédalos, galerie de portraits déjantés de personnages ayant pour point commun leur homosexualité. Nous avons assisté à l’une des premières représentations. Les interprètes Djamel Mehnane, Steeve Brudey, Philippe d’Avilla, Yoni Amar endossent les rôles d’homosexuels et nous racontent leur histoire.
Un son et des chanteurs de qualité
La première chose qui nous frappe dans cette petite salle de 190 places, c’est la pureté du son. En effets, les artistes sont sonorisés par des micro-casques, mais l’ambiance est tellement intime qu’ils n’en ont presque pas besoin. Les micros sont là pour souligner très légèrement les voix de temps en temps par un discret écho, ce qui peut être à double tranchant, car ça met en évidence aussi les faussetés et les quelques très rares ratés de texte.
La troupe constitue l’un des nombreux points forts du spectacle : non seulement, les quatre artistes chantent bien individuellement et ont chacun un joli timbre, mais en plus, leur harmonie est parfaite lorsqu’ils chantent à plusieurs.
Le texte, l’atout majeur…
Et le texte est un pur bijou. En effet, Alain Marcel écrit et le fait plutôt bien. Le spectacle est une galerie de personnages homosexuels et des situations qu’ils peuvent vivre. Si quelques thèmes tournent autour du sexe (comme le premier plaisir solitaire), l’écriture n’est jamais vulgaire, mais au contraire très fine. En effet, ce spectacle n’est pas un plaidoyer pour homosexuels. Il met autant en lumière, les difficultés rencontrées par les homosexuels (l’acceptation de soi, le "coming-out", l’homophobie) que les travers de certains (le communautarisme, la médisance, …).
Pas d’artifices
La seconde chose qui nous intrigue, c’est l’absence de décors. En effet, les quatre chanteurs évolueront dans des carrés de lumière qui joncheront le sol et se déplaceront sur la scène nue. Ce qu’on comprend, c’est que tant au niveau du son, que de la mise en scène ou encore des décors, tout est mis en œuvre, pour servir une seule cause : le texte.
La seule réserve que l’on peut avoir concernant cette absence de décor, c’est qu’elle engendre une certaine répétition de la scénographie, qui rend le spectacle un tantinet long.
Sans contexte, que l’on soit homo, hétéro ou bi comme Bibi (vous comprendrez en allant voir le spectacle), ce tour de pédalos est une réussite, avec des textes et des voix de grande qualité. Espérons que, comme en 2009, pour l’Opéra de Sarah, l’académie des Molières, ne s’y trompe pas et récompense comme il se doit, le talent de Monsieur Marcel, lors de la prochaine cérémonie.
Encore un tour de pédalos, d’Alain Marcel
Du 23 novembre au 31 décembre à 21h.
Théâtre du Rond-point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Au Théâtre Marigny à partir du 18 janvier.
Mise en scène : Alain Marcel ; Arrangements et piano : Stan Cramer.
Avec Yoni Amar, Philippe d’Avilla, Steeve Brudey, Djamel Mehnane.