Justin Quidam a bien préparé son récital de guitare classique… oui, mais voilà, il a aussi envie de nous parler, de sa vie, de celle des vaches ou de sa femme qui ne l’est pas vraiment.
C’est le débordement, il faut que ca sorte ! Il enchaîne les sujets comme les jeux de mots. De la solitude du taureau face au ridicule toreador et de l’importance du fil rouge dans un bon récital ; de sa maman, qui lui a bien appris l’importance de la raie sur le côté et du costume cintré, ou de ses problèmes conjugaux avec la femme de son meilleur ami. Oui, oui. Le tout en parole automatique, à mi-chemin entre la confession et la psychanalyse. Ses grands yeux écarquillés, il jongle avec les concepts et les métaphores, au risque de perturber momentanément son spectateur.
On en oublierait presque qu’on est sensés assister à un récital de guitare classique mais les élucubrations de Justin sont bel et bien ponctuées de morceaux traditionnels tels ceux d’Albeniz ou Tarrega ; hyperactif dans l’âme, il ne peut s’empêcher de faire deux ou trois choses en même temps, occupant ses mains pendant qu’il occupe notre esprit de ses jeux de mots capillotractés.
Cet artiste a mille facettes : tour à tour musicien, clown, mime et prestidigitateur, le multi-talentueux Raoul Petit propose un numéro à la fois complexe et joyeusement décalé. Complet physiquement et artistiquement, il se montre tout aussi virtuose dans l’art des mots. Dans ses envolées poétiques, Desproges et Devos viennent notamment à l’esprit, n’ayons pas peur des références quand elles sont méritées : on reconnaît le long phrasé alambiqué et cultivé de l’un, et la poétique et légère absurdité de l’autre.
Tant de choses dans un si petit numéro laissent parfois pantois, mais la construction du texte et la performance du comédien rendent le tout absolument efficace. De calembours en métaphores filées, on se retrouve portés par sa poésie clownesque.
On souhaite un grand succès et une reconnaissance méritée à cet attachant personnage !
Fatal Récital – Justin Quidam, par Touk Touk Compagnie
À l’Aktéon Théatre du 18 février au 22 avril 2012
Tous les samedis et dimanches à 18h
De 10 à 16 €
Mise en scène : Sylvain Bernert
Avec Raoul Petit (chanson, clown, mime et bien plus)