Footloose, le film qui a fait de Kevin Bacon une superstar en 1984, est resté dans la mémoire collective comme une œuvre légère avec une bande originale très eighties plutôt bien faite qui avait caracolé en tête des ventes plusieurs semaines cette même année. En 1998, l’adaptation en comédie musicale de Footloose ne soulève pas un enthousiasme dément auprès de la critique mais reçoit tout de même un beau succès public qui ne se dément toujours pas aujourd’hui, le spectacle étant toujours en tournée et restant un choix particulièrement prisé des productions lycéennes et universitaires anglo-saxonnes. Malheureusement, pour son arrivée en France, Footloose se prend les pieds dans le tapis de l’Espace Pierre Cardin…
Croche-patte artistique d’une œuvre originale déjà peu convaincante
Footloose donne au spectateur l’impression d’être devant un florilège de scènes et de situations dignes des fameuses séries guimauves dont AB Productions avait le secret dans les années 1990. Le ton n’y est pas, on est en permanence dans la caricature et la mise en scène de Raphaël Kaney-Duverger (chorégraphe maison des productions Lorenzo Vitali puisqu’il avait travaillé sur Fame et Hair) et Guillaume Segouin (collaborateur de Kamel Ouali sur Le Roi Soleil et Cléopâtre) n’aide aucunement à rendre l’histoire intéressante.
Des écrans géants occupent le fond de la scène mais des animations surréalistes les habillent : un juke-box lorsque nous sommes au diner, des personnages de jeux vidéo faisant des prises d’arts martiaux pour une scène de baston, un drapeau américain pour la scène du conseil municipal… En y ajoutant un éclairage hystérique, à la limite de l’agression rétinienne, et une fumée omniprésente, on est plus proche d’un concert de Doushka que devant du théâtre populaire musical.
Interprétation très faible
De même que pour la pauvre interprète de Rusty qui, blessée à la jambe au premier acte, a dû déclarer forfait pour le second et ainsi nous priver de "Let’s Hear it for the Boy" (sûrement la chanson la plus réussie de la bande originale du film), la distribution de Footloose mérite toute notre compassion. Malgré des efforts et une belle énergie, la mayonnaise ne prend décidément pas.
Chez les jeunes, le critère du physique semble parfois primer sur le talent et la maîtrise, notamment pour les rôles principaux campés par Arno Diem et Tatiana Matre dont les interprétations restent malheureusement un peu trop fades. Chez les adultes cependant, on note quelques belles voix, notamment masculines (Fabrice de La Villeherve s’en sort bien).
Le mystère de la "live music"
Dernier point, et pas des moindres, si l’affiche met fièrement en avant la mention "live music" (pourquoi in English?), en sortant de la représentation, on se demande toujours où se situaient les quatre musiciens annoncés. Sans remettre en doute l’honnêteté de la production, on s’interroge sur la pertinence de cette musique en direct…
En conclusion, oublions vite ce faux-pas en espérant que le film de 2011 redonnera une deuxième chance à la comédie musicale Footloose.
Footloose, de Dan Pitchford et Walter Bobbie
Depuis le 12 octobre 2010
Du mardi au samedi à 20h30, le samedi et dimanche à 15h30
Espace Pierre Cardin
1 avenue Gabriel,
75008 Paris
Réservations dans les points de vente habituels.
Musiques : Tom Snow, Eric Carmen, Sammy Hagar, Kenny Logins et Jim Steinman ;
Adaptation et traduction : Nicolas Laugero-Lasserre et Jacques Collard ; Adaptation, mise en scène et chorégraphie : Raphaël Kaney-Duverger et Guillaume Segouin ; Costumes : Raphaël Kaney-Duverger ; Lumières : Antonio de Carvalho ; Décors : Paula Salvi.
Avec : Arno Diem, Tatiana Matre, Fabrice de La Villeherve, Lisbeth Gulbaek, Yann Herve, Lina Stoltz, Gwenaëlle Deram, Eric Nicolas, Cerise Calixte, Christian Schummer, Caryn Trinca, Adrien Ouaki, Nicolas Turconi, Stéphanie Gineau, Alexis Loizon.
Musiciens : Alberto Centofanti, Fabio Casali, Ezio Rossi et Andres Villani.