Critique: "Guys and Dolls" au Centre Segal de Montréal

Temps de lecture approx. 4 min.

La nouvelle saison du Centre Segal des Arts de la Scène s’ouvre en grand avec l’un des plus grands succès de Broadway présenté jusqu’à la fin du mois au public montréalais friand de classiques. Une production dans la pure tradition des musicals de la célèbre avenue sans avoir à traverser la frontière !

La métropole québécoise vibre en ce moment au son de la gouaille new-yorkaise et des malfrats avides de jeux de hasard et de jolies femmes, prêts à tout pour remporter des paris insolites. Cette incursion dans le Broadway de la fin des années 1940, nous la devons à Diana Leblanc (Rose ; Fallen Angels) qui signe cette nouvelle production montréalaise du grand classique de Frank Loesser, d’après les nouvelles de Damon Runyon.

La metteure en scène canadienne nous gâte d’un divertissement très réussi, dirigeant une distribution qui excelle à nous plonger tout droit dans un univers où les histoires d’amour et les péchés font bon ménage, contre toutes attentes. Sa mise en scène, appuyée par les chorégraphies énergiques de Jim White, donne droit à des numéros ingénieux et imaginatifs, presque poétiques grâce à l’adresse des interprètes et l’éclairage bien travaillé sur fond d’un orchestre que l’on devine derrière le rideau. La scène de la partie de dés illégale dans les passages souterrains de la ville est à ce sujet particulièrement inventive, avec une tension montante suivant les mouvements des interprètes qui occupent brillamment l’espace.

Dans les rôles de Sky Masterson et Nathan Detroit, Scott Wentworth (Welcome To The Club) et Frank Moore (The Drowsy Chaperone) ne se limitent pas à "jouer" leurs personnages ; ils les incarnent réellement, se fondant si habilement dans la peau de chacun qu’on a l’impression d’être un petit oiseau qui les observe depuis une fenêtre ouverte sur un autre temps. À la fois acteurs et chanteurs, ils combinent parfaitement les deux aspects de leur interprétation avec une attention aux petits détails qui font toute la force de leurs personnages. Entre la démarche décontractée de l’un et le sourire charmeur de l’autre, on comprend pourquoi leurs dulcinées acceptent finalement leurs travers.

Dans la peau de la fiancée rousse du gangster malchanceux, Susan Henley (The Sound of Music) parvient à aller au-delà d’une simple caricature de Miss Adelaide. Très à l’aise sur scène, l’interprète démontre d’autres aspects de son personnage de danseuse un peu naïve en la rendant sympathique et bien dégourdie, mais aussi en dévoilant ses tourments, comme dans la pièce "Adelaide’s Lament". Tracy Michailidis (Beauty and the Beast) nous berce quant à elle de sa voix cristalline dans le rôle de Sister Sarah Brown, partagée entre son amour pour le célèbre joueur et son engagement au sein de la Mission. Les personnages secondaires nous réservent également des moments délectables comme les scènes avec Big Jules de Chicago, campé par Massimo (Blue Mountain State).

Deux heures et demie qui s’écoulent bien trop rapidement, le temps que les spectateurs comprennent qu’ils se trouvent en réalité à Montréal et non à New York, même si les airs célèbres comme "Luck be a Lady" risquent de les hanter encore plusieurs jours !


Guys and Dolls de Frank Loesser (paroles et musique), Jo Swerling et Abe Burrows (livret), d’après les histoires de Damon Runyon.

Du 30 septembre au 31 octobre au Centre Segal des Arts de la Scène de Montréal
Avant-premières du 30 septembre au 10 octobre

En anglais avec surtitres en français (mardi, jeudi et samedi)

Billetterie 514.739.7944 ou www.centresegal.org

Mise en scène : Diana Leblanc ; Chorégraphies : Jim White ; Directeur musical : Nick Burgess ; Décors et costumes : Michael Eagan ; Éclairages : Luc Prairie ; Son : Peter Balov ; Régisseur : Brian Scott

Avec : Scott Wentworth, Tracy Michailidis, Frank Moore, Susan Henley, Glen Bowser, Daniel Brochu, Jane Gilchrist, Marcel Jeannin, Massimo Cannistraro et Sam Stein

Image de Nathalie Katinakis

Nathalie Katinakis

Bercée par les tubes de "Starmania" durant l'enfance, c'est "Cats" qui me donne la piqûre pour de bon quand je me plonge enfin dans son univers en 2010. Dans la foulée, je découvre le West End et rejoins l'équipe de Musical Avenue dès 2011, couvrant les spectacles montréalais depuis le Québec où je réside.FB/IG:@uneportesurdeuxcontinents
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