Le festival Tout le monDiva nous présente cette semaine, Je ne sais quoi, au Vingtième Théâtre de Paris. Ce spectacle musical nous plonge dans l’ambiance des cafés-théâtres du XIXème siècle en nous faisant suivre les rencontres et la correspondance entre Sigmund Freud et la chanteuse Yvette Guilbert.
Le psychanalyste et l’interprète se rencontrent une première fois à Paris, à la fin du XVIIIème siècle, lors d’une représentation. Mais ce n’est qu’en 1926 qu’ils commencent à entretenir une correspondance. Elle vivait principalement à Paris et lui à Vienne, puis à Londres. Leur amitié et ces échanges de lettres dureront jusqu’en 1939 à la mort de Freud.
Nathalie Joly crée un spectacle autour de ces lettres. Pour cela, elle a eu le soutien du London Freud Museum, qui lui a donné accès à toute la correspondance, soit dix-huit lettres.
Nathalie Joly reprend très bien les chansons d’Yvette Guilbert avec un chanté parlé de l’époque. Le chant lyrique lui va à merveille. Les chansons ont des thèmes variés et surtout sont sans tabous. Qui aurait cru qu’au début du siècle dernier, une femme puisse ainsi chanter sur l’inceste, le vieillissement et le sexe ?
Toutes ces facettes présentées par Yvette Guilbert amènent sur scène le débat avec Freud : le moi est-il absent sur scène ? Ou est-ce une partie du moi caché qui est montré ? On aurait aimé que ce point soit plus développé, pour mieux comprendre la position et la pensée de ces deux personnes qui expriment des points de vue, finalement très modernes, sur l’artiste et sa façon de composer un personnage.
Sur scène, Nathalie Joly est accompagnée au piano par Christophe Maynard. Il lui arrive de pousser la chansonnette, ce qui est plutôt plaisant à l’oreille et pour le rythme du spectacle.
Ce duo fonctionne bien, les intermèdes entre les chansons nous tirent quelques sourires, malgré le jeu d’acteur qui est peut-être à améliorer.
On regrettera les blancs et moments de flottement quelques fois entre les chansons. En effet, cela manque d’histoire et d’explications sur cette rencontre et surtout sur la correspondance entretenue. Une mise en scène plus sophistiquée pourrait mieux accrocher les spectateurs.
Peut-être un peu trop simple, elle montre bien le lien avec les chansons d’Yvette Guilbert reprises, mais moins celui avec la correspondance avec Freud. Malheureusement peu de lettres nous sont clairement lues.
Au final, nous ne sommes pas rentrés dans l’histoire, un peu brouillonne, d’Yvette Guilbert, dont le personnage ne nous a pas passionnés. Cependant, peut-être qu’un public plus mûr y aurait été plus sensible, à l’instar du public présent qui a, semble-t-il, davantage réagi.
Je ne sais quoi, de Nathalie Joly
du 19 au 23 juillet 2011 à 21h30
le 24 juillet à 17h30
Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Avec : Nathalie Joly, Christophe Maynard (piano)