Critique : « La légende du Roi Arthur » au Palais des Congrès et en tournée

Temps de lecture approx. 6 min.

Tout juste 10 jours après la toute première représentation du spectacle, nous nous sommes rendus au Palais des Congrès pour découvrir La Légende du Roi Arthur. Ce nouveau spectacle musical est le dernier né de l’équipe créative de 1789, les Amants de la Bastille (avec Dove Attia à la production et Guiliano Peparini à la mise en scène) que nous avions su apprécier à sa juste valeur. Notre avis est en revanche ici plus mitigé.

Un départ sur de bonnes bases

Les ingrédients étaient tous réunis pour nous offrir du grand spectacle. Un thème médieval et une romance légendaire, des instrumentaux grandioses dignes de films de fantasy, une salle bien remplie…oui, il y avait de quoi se réjouir à voir ce spectacle, quoiqu’en disent les détracteurs de Dove Attia et consorts.
C’est connu : nous pouvons être très durs avec les "spectacles musicaux à la française" qui oublient de servir au public un vrai fil narratif et qui ne peuvent s’empêcher d’enchaîner les tubes de variétés déconnectés de l’histoire et surtout des personnages. Après plusieurs années de grand désespoir, nous avions fini par trouver la lumière et l’espoir avec 1789, les Amants de la Bastille grâce à une mise en scène assez hallucinante, une attention à l’histoire plus approfondie et des tableaux mémorables dont on se souvient aujourd’hui encore. A ce titre, La Légende du Roi Arthur reprend ce qui a plutôt bien fonctionné sur 1789, les Amants de la Bastille tout en cherchant à innover et à faire évoluer les codes du genre.

L’ouverture avec Merlin l’Enchanteur (David Alexis, qui nous impressionne toujours autant par sa qualité d’élocution !) en est la parfaite illustration. Ce croisement entre scène de film, de théâtre et de spectacle de magie ne ressemble pas à ce que nous avons pu voir ailleurs. C’est tout autant le cas des multiples utilisations d’écrans, de projections d’images sur les décors et jeux de lumières qui nous ont étonnés et emerveillés plus d’une fois, comme la scène de supplications du peuple de Camelot.
Côté jeu d’artistes, nous avons été agréablement surpris par Florent Mothe. Il a su parfaitement véhiculer ses émotions, en particulier le sentiment de déchirement de son personnage Arthur au moment de choisir entre amour et justice avec son interprétation du titre "Auprès d’un autre". 

Il faut dire que le livret, pour une fois, laisse un peu plus de temps aux artistes pour développer leurs personnages. L’équilibre entre temps joué et temps chanté est ici plus évident (à l’inverse, souvenez-vous de Robin des Bois, avec 2 mots prononcés pour 10 chansons !). A notre grande surprise, cela a même laissé la place à un très joli moment a cappella entre Camille Lou (Guenièvre) et Charlie Boisseau (Lancelot) entrecoupé de passages joués, alternance qu’on a davantage l’habitude de voir dans des comédies musicales de Broadway et du West End que dans les spectacles musicaux du Palais des Congrès ou Palais des Sports.

Il a manqué "quelque chose de magique" 

Cela étant dit, ne nous enflammons pas, nous parlons ici de quelques minutes réussies pour plus de 2 heures de spectacle décevantes. Car oui, au final, nous sommes sortis du Palais des Congrès avec un sentiment de déception et surtout d’inachevé. Dans son ensemble, La Légende du Roi Arthur est un spectacle qui "se regarde" mais qui comporte trop de défauts pour ne pas qu’on l’oublie aussitôt. Il n’y a pas de quoi s’attacher aux personnages (hormis Arthur) malgré leurs multiples solos ou duos. Que ce soit l’indécise Guenièvre, le Lancelot transparent, l’inutile Méléagant ou la tête-à-claques Morgane… Ils ont beau se démener, leurs chansons s’accumulent sans qu’on parvienne à s’y intéresser, si bien que notre regard a fini par être davantage attiré par les décors, danseurs ou musiciens qu’aux artistes principaux, pourtant tous très bons chanteurs.
 
Difficile malgré tout de trouver les raisons de cette "platitude". S’agit-il de la qualité des chansons, au côté très R’n’B ? De la mise en scène orientée "concert" plutôt que "spectacle théâtral" ? De la diction douteuse de certains artistes ou des paroles rendues inaudibles par le son du Palais des Congrès ? Des chorégraphies redondantes ou des danses en ligne après 2 heures pleines de danse contemporaine ? Des personnages secondaires dispensables comme le rigolo de service (il va falloir arrêter d’en mettre un systématiquement dans ce type de spectacles !) ou inexploités comme Merlin, Gauvain et les autres Chevaliers de la Table Ronde ? De la chanson "Wake Up" qui devient un moment "WTF" (on vous laisse le soin de chercher sur Google si vous ne savez pas ce que c’est) ? Du rappel attachant ("Promis, c’est juré") mais loin d’être entraînant et excitant pour le public ? 
 
C’est sans doute un mélange de tout ces éléments qui a fini par gâcher La Légende du Roi Arthur. Car oui, c’est bien d’un terrible gâchis dont il s’agit. Le spectacle n’est pas si mauvais que ça, mais il est tout aussi loin d’être réussi, voire complètement raté pour le 2ème acte. Encore que, c’est bien dans le 1er acte que la chanson "Tu vas le payer (cher)" est interprétée par Zaho. Cette chanson symbolise à elle-seule ce que La Légende du Roi Arthur n’est pas parvenu à faire, à savoir trouver sa place dans la comédie musicale.

>> En vidéo : la bande-annonce du spectacle "La légende du Roi Arthur"


La Légende du Roi Arthur, de Dove Attia et François Chouquet

A partir du 17 septembre 2015 au Palais des Congrès 
2 Place de la Porte Maillot
75 017 Paris
 
Mise en scène : Giuliano Peparini
 
Avec : Florent Mothe (Arthur) ; Zaho (Morgane) ; Camille Lou (Guenièvre) ; Charlie Boisseau (Lancelot) ; Fabien Incardona (Méléagant) ; David Alexis (Merlin)    

 

Image de Stephany Kong

Stephany Kong

Parisienne de naissance et de cœur (ici c'est Paris !), fan de Disneyland et de cinéma américain, j'ai grandi au Japon et à Singapour puis découvert la comédie musicale au cours de mes études en Angleterre avec "Wicked". Devenue une fervente supportrice du genre, j'ai rejoint MusicalAvenue à mon retour en France, en parallèle de mon activité professionnelle de chef de projet chez EDF.
Partager l'article :
Facebook
Twitter
WhatsApp
Email

NOS PODCASTS

Retrouvez tous nos épisodes de "Musical Avenue, le Podcast" ! Infos, anecdotes, rires ou coups de gueule sont au rendez-vous de ce nouveau format lancé en mai 2022

Dossiers "une saison de musicals 2024-2025"

Que voir en France, à Broadway, dans le West End ou ailleurs dans le monde ? Retrouvez notre sélection de la saison !

NOTRE PARTENARIAT AVEC LES TROPHéES DE LA COMéDIE MUSICALE

Retrouvez toutes les dernières actualités sur la prochaine cérémonie des Trophées de la Comédie avec qui nous sommes partenaires !

Nos playlists

Découvrez de nombreuses playlists thématiques, spécialement préparées par notre équipe pour égayer votre journée !

Je fais un don

Soutenez notre association pour continuer de recevoir avec vous en direct vos artistes, créatifs ou producteurs préférés dans nos émissions !