Une salle en forme de tipi, deux tentes indiennes sur chaque côté de la scène, trois musiciens affublés de plumes… et une loufoquerie sans borne. Fred Tousch est de retour avec un spectacle "cabaret rock" complètement barré.
Si l’expression d’OVNI est bien trop souvent galvaudée lorsqu’il s’agit de qualifier une œuvre atypique et surprenante, je ne vois cependant pas comment parler du Retour du Grand Renard Blanc autrement. Issu de son "Grévaudan" natal (sic), Jean-Pierre (prononcez "Jeum-Pierre") est une sorte de conteur illuminé qui nous embarque avec son groupe, les Arapahoes, sur les traces du Grand Renard Blanc. Le voyage ne sera pas de tout repos. Interrompus par ses musiciens en mal de rébellion, ses choristes militantes écolos, ses changements de costumes ou les affres de son corps, Jean-Pierre Camalessus parvient pourtant à nous toucher avec son accent et ses excentricités. Cette incarnation d’un bouffon moderne, à l’humour incisif, peut toucher dans le mille autant que laisser de marbre.
Ce comique attachant, entre performance rock, et conte pour (grands) enfants, semble construit comme un one-man-show musical, à la manière d’Hedwig and the Angry Inch (les parallèles sont nombreux). Flottant entre le régionalisme punk d’une contrée franco-française et l’exotisme d’un western, l’univers de Fred Tousch se rapproche de celui des frères Poiraud dans Atomik Circus. La musique, qui a une grande importance dans le show, ne fonctionne pourtant pas aussi bien qu’elle devrait. Avec des textes malheureusement peu compréhensibles et des chansons plutôt anecdotiques, on regrette que le propos musical de la pièce ne soit pas davantage développé.
L’absurde poésie qui parvient à se dégager du Retour du Grand Renard Blanc ne peut laisser insensible et reflète parfaitement la tumultueuse carrière de Fred Tousch : des Béruriers Noirs à Jackie Berroyer en passant par Édouard Baer et les "manifs de droite". Même si l’on se demande à la sortie du spectacle quel peut avoir été le propos d’une telle débauche d’effets (tronçonneuses, moto, structures gonflables, cotillons, flammes…) : un prétexte faussement écolo, une réflexion poétique sur notre société, ou tout simplement un délire de potache post-punk… ? La question reste finalemenet secondaire. Le divertissement est bel et bien au rendez-vous pour peu qu’on se laisse porter par cet artiste maîtrisant le non-sens à merveille. Une aventure théâtrale à recommander à un public averti.
Photos : Aline Capelle
Le Retour du Grand Renard Blanc, de Fred Tousch
Au Théâtre Monfort, 106 rue Brancion, 75015 Paris
Jusqu’au 14 janvier 2012
Du mardi au samedi à 20h30
De 16 à 25€
Avec Fred Tousch, François Boutibou, Sophie Deck, Hélène Larrouy, Laurent Mollat, et Sébastien Quéméneur.
Mise en scène : Gwen Aduh ; lumières : Nicolas Gilli et Christophe Mora ; son : Francis Lopez ; décors : Sophie Deck ; costumes : Myriam Chaboch.