Autant le préciser d’emblée : L’Éveil du Printemps qui se joue actuellement au Théâtre 71 à Malakoff (Hauts-de-Seine) n’a pas grand chose à voir avec "l’autre" Éveil du Printemps qui avait été présenté aux lectures Diva l’été dernier.
Il ne s’agit pas d’une adaptation de Spring Awakening, la comédie musicale de Broadway aux 8 Tony Awards. L’Éveil du Printemps version Omar Porras est avant tout une pièce de théâtre et, bien que la musique y soit rare, elle contribue à rendre le spectacle encore plus dérangeant qu’il ne l’est à l’origine. Une expérience théâtrale fascinante.
Peu de musique mais du très beau théâtre
L’œuvre originelle de Frank Wedekind, écrite en 1890, était considérée comme véritablement scandaleuse en son temps et fut d’ailleurs censurée pendant seize ans. Elle aborde le thème de la sexualité naissante chez des jeunes adolescents et traite de sujets jugés particulièrement tabous dans la société ultra-puritaine de l’époque : le sado-masochisme, l’homosexualité, l’avortement ou encore le suicide.
Soyons francs : L’Éveil du Printemps est une pièce dure et dramatique qui va parfois jusqu’à mettre mal à l’aise, non pas tant dans la controverse qu’elle peut susciter mais plutôt – et c’est là la principale force du spectacle – grâce à son réalisme émotionnel et à la finesse des choix artistiques proposés.
Des décors inopportuns de prime abord (du sable sur toute la scène : avouvez qu’il y a là quelque chose d’assez surprenant pour une pièce censée se dérouler dans l’Allemagne stricte du XIXème siècle !), on finit par saluer le courage tant l’idée apporte du symbolisme à la scénographie et offre un ensemble de tableaux variés (une fôret, une chambre, un terrain vague, un cimetière…).
Une pièce poignante mais pas larmoyante
Bien qu’il ne s’agisse pas ici d’un spectacle complètement "musical", la musique (signée Alessandro Ratoci) a un rôle déterminant, grâce notamment aux mélodies très poignantes qui contribuent à créer une certaine intensité dramatique. En parallèle, heureusement, la production ne tombe pas dans l’écueil de proposer des scènes trop larmoyantes ni rabat-joie : l’humour est au contraire assez présent et dosé intelligemment.
Enfin, difficile de ne pas souligner l’interprétation incroyablement juste de l’ensemble des artistes de L’Éveil du Printemps. Il serait d’ailleurs injuste d’en sortir un ou une du lot tant c’est la prestation d’ensemble qui est à féliciter.
Si l’on pouvait garder cette production théâtrale et la mixer avec les chansons de Duncan Sheik et Steven Slater (auteurs de Spring Awakening à Broadway), le spectacle n’aurait rien à envier à certaines comédies musicales de nos voisins anglais et américains !
Crédit photos : Marc Vanappelghem
L’éveil du Printemps, de Frank Wedekind
Une production Teatro Malandro (Genève, Suisse)
Malakoff (Théâtre 71) : du 11 au 28 janvier 2012
Chambéry (Espace Malraux) : 21 et 22 mars 2012
Istres (Théâtre de l’Olivier) : le 6 avril 2012
Châteauvallon (CNCDC) : du 12 au 14 avril 2012
Monthey, Suisse (Le Crochetan) : le 21 décembre 2012
Mise en scène et adaptation : Omar Porras ; Traduction et adaptation : Marco Sabbatini ; Assistant à la mise en scène : Jean-Baptiste Arnal ; Compositeur et assistant direction musicale : Alessandro Ratoci ; Scénographie : Amélie Kirtzé-Topor ; Costumes : Irène Schlatter (assistée par Amandine Rutschmann) ; Accessoires : Laurent Boulanger ; Administratrice : Florence Crettol ; Communication : Sara Dominguez ; Direction technique : Olivier Loretan ; Régie plateau : Jean-Marc Bassoli ; Régie son : Emmanuel Nappey ; Création lumière : Mathias Roche ; Perruques et maquillages : Véronique Nguyen
Avec : Sophie Botte (Madame Gabor, Ilse et une jeune fille) ; Olivia Dalric (Madame Bergmann, La Directrice et une jeune fille) ; Peggy Dias (Frau Schmidt et une jeune fille) ; Alexandre Etheve (Hans et Herr Hungergurt) ; Adrien GYGAX (Otto et Monsieur Gabor) ; Paul Jeanson (Melchior) ; Jeanne Pasquier (Wendla, Frau Knuppeldick et une jeune fille) ; François Praud (Moritz et le Pasteur) ; Anna-Lena Strasse (Martha et Frau Habebald)