Le titre de Maison(s) Close(s) ne laisse aucun doute : le spectacle musical d’Olivier Schmidt nous plonge dans l’univers de la prostitution. Cadre intimiste, ambiance glauque et humour (très) noir, Maison(s) Close(s) nous entraîne dès le départ dans un univers peu familier dans lequel le spectateur ne se sent pas nécessairement à l’aise…
Le théâtre des Artisans est en fait un appartement aménagé en théâtre : on ne peut trouver cadre plus intimiste. Néanmoins, ce dernier contribue totalement à l’atmosphère volontairement oppressante qui se traduit dès l’ouverture par une chorégraphie presque brutale. Un jeune premier, plein de rêves et d’espoir, se retrouve dans cette maison close sordide et hostile afin de gagner sa vie, et y découvre des personnages torturés qui vont un à un se mettre à nu devant les spectateurs.
Une partie de théâtre intéressante
Un peu à l’instar de Mes Elles, on a ici davantage affaire à une revue de style cabaret qu’à une vraie comédie musicale, le livret étant finalement très basique. A cette différence près que le spectacle permet tout de même une certaine introspection des personnages par des monologues souvent très bien écrits, et qui traduisent de façon assez efficace l’ambiguïté de leur condition. On soulignera d’ailleurs la qualité de jeu des différents interprètes, qui sont dans l’ensemble crédibles dans leurs rôles.
Nous avons en outre apprécié la façon dont le spectacle évite de se laisser emporter dans une certaine vulgarité gratuite que le propos aurait pourtant pu facilement engendrer. Étant données les contraintes d’espace, la mise en scène imaginée est certes peu originale (la taille de la salle ne permet pas une grande créativité), mais s’avère plutôt efficace et produit un ensemble très fluide. La bonne qualité du jeu de lumières dans ces conditions est également à souligner.
Des chansons décevantes
Il est difficile d’en dire autant sur la partie musicale. Olivier Schmidt a choisi de faire un croisement entre des standards issus de la comédie musicale française (Starmania, Roméo et Juliette), anglo-saxonne (Cabaret, Zorro, Sweet Charity), et des chansons de variété française. Quoi que relativement cohérent, ce répertoire semble trop difficile pour ces artistes, clairement davantage comédiens que chanteurs. Ces derniers se retrouvent parfois en difficulté vocalement, notamment sur les chansons de Cabaret, très (trop ?) représenté avec trois chansons sur la dizaine utilisée dans le spectacle.
Si les numéros de groupe (par exemple l’excellent "Big Spender", extrait de Sweet Charity) apportent parfois un vrai plus, tant dans l’interprétation que la mise en scène, les solos ne soutiennent malheureusement pas la comparaison avec les originaux. Cependant, nous avons apprécié le fait de retrouver des titres assez connus des amateurs de comédies musicales que nous sommes.
Au final, il faut bien reconnaitre que Maison(s) Close(s) nous laisse sur un sentiment mitigé, comme un goût d’inachevé. Ceci tient notamment à quelques défauts techniques (son trop faible sur les chorégraphies, bande sonore moyenne), à l’hétérogénéité du niveau des artistes, et à un travail sur les chansons globalement décevant. Cependant, la partie de théâtre, très réussie, et la qualité, certes inégale, des chorégraphies donnent de l’espoir pour ce spectacle qui se produira à la Comédie Nation de Paris les 1er et 2 octobre prochain, et au Trianon de Bordeaux le 21 novembre.
Le site du spectacle : www.maisoncloselemusical.fr
Maison(s) Close(s), le spectacle musical, d’Olivier Schmidt
Les 1er et 2 octobre à la Comédie Nation.
Livret, mise en scène et chorégraphies d’Olivier Schmidt.
Avec : Olivier Schmidt, Arnaud Laurent, Xavier Ferreira, Julien Veilleux, Aura Coben, Diane Duquesne et Léa Bernier.