Caroline Loeb ? Mais si, vous savez bien ! L’interprète du tube international "C’est la Ouate", repris depuis quelques temps comme gimmick des pubs d’un célèbre assureur.
Bien sûr, vous vous dites que Caroline Loeb fait partie de ces stars au succès éphémère dont on n’entendra plus jamais parler… et vous avez tort.
Après une longue traversée du désert, ce petit bout de femme tonique est en passe de se refaire un nom depuis qu’elle enchaîne avec succès les mises en scènes de spectacles musicaux : Lio chante Prévert, Loin de Paname (avec Viktor Lazlo), et plus récemment Les Bons Becs en Voyage de Notes (actuellement à l’affiche du Ranelagh jusqu’au 5 avril).
À force d’explorer le répertoire de la chanson française sous toutes ses formes pour le bien de ces différents spectacles, la Loeb a décidé de revenir sur le devant de la scène, histoire de renouer en chansons avec le public et de se dévoiler à travers les artistes qui l’ont toujours inspirée, de Mistinguett à Madonna.
Dans l’intimité du Théâtre des Blancs Manteaux, le tour de chant de Caroline Loeb est un pur moment de music-hall. Elle nous invite, le temps d’une soirée, dans le cabaret intimiste qu’elle a créé pour nous charmer et nous raconter ces idoles.
Tour à tour Madame Loyale, voyoute gouailleuse, danseuse sexy, poupée fragile ou créature à plumes, Caroline Loeb est un caméléon et incarne à elle seule la Femme dans toutes ses splendeurs.
L’étroitesse du lieu et la bonté qui émane de l’artiste nous donnent l’impression d’être chez une amie, assis dans un coin de son salon à l’écouter nous raconter sa passion pour les chanteuses de caractère.
Le répertoire qu’elle explore est passionnant : on découvre des perles inconnues (comme les textes des grandes chanteuses réalistes ou ceux que Gainsbourg avait écrits pour Régine), retrouve des airs célèbres (de Birkin à Madonna – pour un "Like a Virgin" qui dépote), et on se laisse surprendre par ses dernières compositions qui balaient peu à peu la légèreté un peu basique du vieux tube par lequel on l’a connue.
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D’ailleurs, elle semble bien décidée à lui régler son compte à cette "Ouate" qui lui colle au train depuis plus de vingt ans : son hit se désagrège en une sorte de blues à tendance punk qui vire à la valse musette. Rien que ça !
La Loeb ne se prend pas au sérieux, et on rit de bon cœur à l’écoute de toutes ces anecdotes sur son parcours et celui des artistes qu’elle reprend.
Avec Patrick Brugalières, qui l’accompagne à l’accordéon, elle forme un duo attachant qui fonctionne brillamment.
Mistinguett, Madonna et moi est une véritable révélation pour la chanteuse, mais bien qu’elle tombe le chapeau et la veste, se dénude au fil du spectacle, Caroline Loeb ne se met pas véritablement à nu.
Elle nous montre ses idoles à travers elle, mais au bout du compte, ne se risque pas à nous entraîner dans une émotion plus profonde, plus personnelle, plus "elle". Son tour de chant reste un peu trop dans le registre de la maîtrise, et Loeb n’ose visiblement pas nous emmener dans son intimité : on aurait aimé, sans voyeurisme toutefois, apprendre à connaître qui est vraiment cette artiste qu’on aurait dû prendre au sérieux bien plus tôt.
Mais cette approche très maîtrisée est sans doute à l’image de l’interprète, fière de ce qu’elle accomplit sans être arrogante, qui préfère garder la tête haute après les épreuves qu’elle a dû traverser, et regarder vers l’avenir avec optimisme.
On ne peut que vous encourager à aller admirer ce fantastique phoenix qui renaît des cendres des années 80, et à travers elle, admirer toute une galerie de chanteuses inoubliables.
Elle aura vraisemblablement bien d’autres occasions de nous ouvrir son âme, alors en attendant, chic et un peu snob, gouailleuse sans être vulgaire, c’est la Loeb qu’on prèfère.
Au Théâtre des Blancs-Manteaux jusqu’au 28 mars, du jeudi au samedi à 22h15.
15 rue des Blancs-Manteaux, 75004 Paris