"Je suis la nouvelle Annie Cordy ! ". C’est ainsi que se présente Fleur, interprétée par Laura Neumann (Lucienne et les Garçons). Accompagnée par son ami Maurice (Emmanuel Touchard) au piano, elle revisite le répertoire d’Annie Cordy dans Mon amie Cordy qui se jouait pour la première fois la semaine dernière au Vingtième théâtre à Paris.
Un répertoire joliment mis en valeur
C’est une sorte d’hommage que les interprètes rendent à la chanteuse belge de son vivant . En effet, le choix du répertoire est un subtil mélange de succès et chansons moins connues. Les chansons "personnages" maintes fois interprétées à la télévision des années 70-80 sont en minorité. Sont donc aux abonnés absents "La Bonne du Curé" et "Frida Oum Papa" au profit de "Cho ka ka O" et "Tata Yoyo". Cela donne l’occasion de (re)découvrir des titres des années 50-60 comme "Six roses", "T’as vu Monte-Carlo", "Quand un cow-boy" ou encore "La Clarinette". On a souvent tendance à assimiler le répertoire d’Annie Cordy à des chansons pour enfants, or il regorge d’autres compositions de type music-hall mises en valeur par ce spectacle.
Une grande artiste
Lara Neumman, l’interprète de Fleur, chante vraiment très bien et constitue l’autre atout de ce spectacle. Sa voix, très différente de celle de l’interprète originale des chansons, nous montre aussi la richesse des mélodies. De plus, la jeune femme a de l’énergie à revendre et, quoi qu’elle en dise, danse vraiment très bien tout en chantant. N’hésitant pas à jouer avec le public, elle a le charisme d’une artiste aux multiples talents. Cependant, attention aux réflexes de systématiquement joindre le geste à la parole : on assiste souvent à une chanson mimée, avec l’impression d’avoir un robot automatique ou un singe savant devant les yeux.
Un livret décevant
Le problème du spectacle provient selon moi de son livret. Il n’y a pas grand chose à défendre. C’est peut-être pour cette raison que les personnages sont sur-joués, à la manière d’artistes fantaisistes. Maurice et Fleur font penser au duo comique Shirley et Dino, mais sans que l’interprétation dans ce sens ne soit pleinement assumée.
De plus, les transitions sont un peu maladroites. On sent arriver certaines chansons avant qu’elles ne commencent, et l’on en devine le titre bien avant que l’interprète n’entonne les premières paroles.
Enfin, la narration nous a semblé plus qu’hasardeuse. Les interprètes font constamment référence à Annie Cordy, c’est un choix. Mais au lieu de raconter sa carrière, ils l’intègrent à leur histoire en se demandant ce qu’elle aurait fait à leur place et font d’elle "LA" grande absente du spectacle. Ainsi, le personnage de Fleur est caché par l’admiration de son idole et tout cela sonne bien creux.
Malgré tout, on ne peut que reconnaître et saluer le travail des artistes, autant sur la sélection du répertoire que sur l’interprétation des chansons. Cette première représentation s’est montrée très encourageante et le spectacle, comme la boisson que chante Annie Cordy dans "Cigarettes, whisky et ptites pépées", devrait se bonifier avec le temps.
Mon amie Cordy, spectacle musical sur des chansons d’Annie Cody
Mise en scène : Flannan Obbé
Avec Lara Neumman et Emmanuel Touchard
Affiche: Camille d’Alençon