Trois ans après le triomphe du célèbre musical au Théâtre du Châtelet, My Fair Lady, l’oeuvre aux 2717 représentations à Broadway, revient enchanter les fêtes de fin d’année à Paris. Créée en 1956 à New York avec Julie Andrews (Mary Poppins), et longtemps qualifiée de "musical parfait" au vu de ses records de longévité, puis portée à l’écran en 1964 avec Audrey Hepburn, c’est l’une des pièces majeures de la comédie musicale qu’il nous est proposé de (re)découvrir à cette occasion.
Présentée pour la première fois en décembre 2010 au Théâtre du Châtelet, cette production "made in Châtelet" est toujours un plaisir à revoir (retrouvez notre critique de 2010). Inspirée de la pièce de George Bernard Shaw, Pygmalion, elle narre la rencontre explosive entre Eliza Doolittle, jeune vendeuse de fleurs de basse extraction, et de Henry Higgins, renommé professeur de phonétique. A la suite d’un pari avec un de ses amis, Higgins va recueillir la jeune femme à l’accent cockney très prononcé, bien déterminé à lui donner des cours afin d’effacer ce jargon de la rue pour la transformer en lady au langage châtié.
Sur une musique de Frederick Loewe et un livret d’Alay Jay Lerner, qui s’était déjà penché sur les dialogues du film Pygmalion de 1938, on assiste à la naissance d’une complicité entre le maître et son indisciplinée élève, teintée de premières considérations féministes et sociales. Le pari fou du riche professeur d’élever une jeune femme dans le besoin à un rang social supérieur n’est pas sans risque. Et Eliza s’inquiète de son devenir après cette expérience. Heureusement, au pays du musical, tout est bien qui finit bien dans une chanson et un clin d’oeil.
Les comédiens Katherine Manley (en alternance avec Christine Arand) et Alex Jennings (de la Royal Shakespeare Company) sont fabuleux dans leurs rôles respectifs, l’une toute en naïveté gouailleuse et l’autre tout en sarcasme anglais. En version originale surtitrée en français, il est préférable d’avoir quelques notions de la langue pour apprécier toutes les subtilités et jeux de mots du livret. Cependant, ce surtitrage est bien utile car les scènes de théâtre sont nombreuses et nécessaires à la compréhension de l’intrigue.
Une mention particulière sera à noter pour les très beaux décors, qui s’imbriquent dans un ingénieux système coulissant. Ils demeurent très fidèles à l’adaptation cinématographique de George Cukor de 1964, du salon chez Higgins à l’Opéra de Covent Garden, en passant par les loges des courses hippiques à Ascot. La scénographie finit de ravir par la richesse des costumes, variés et colorés. La production est fastueuse et l’on n’en attendait pas moins pour accueillir cette si belle pièce.
Plus qu’une comédie musicale, grâce à ses ballets, à ses personnages théâtralement hauts en couleurs, à ses chants merveilleusement reproduits ici par le Choeur du Châtelet, son livret musical délicieusement joué par l’Orchestre Pasdeloup, c’est une oeuvre complète qu’est My Fair Lady, un très bon choix fait par le Théâtre du Châtelet pour illuminer la fin de cette année 2013.
My Fair Lady, de Frederick Loewe (musique) et Alan Jay Lerner (livret et paroles)
Au Théâtre du Châtelet, Paris Ier, du 5 décembre 2013 au 1er janvier 2014
Direction musicale : Jayce Ogren
Mise en scène : Robert Carsen
Décors : Tim Hatley
Costumes : Anthony Powell
Chorégraphie : Lynne Page
Dramaturgie : Ian Burton
Lumières : Adam Silverman
Avec, dans les rôles de Eliza Doolittle : Katherine Manley et Christine Arand ; Henry Higgins : Alex Jennings ; Mrs. Higgins : Caroline Blakiston ; Colonel Pickering : Nicholas Le Prevost ; Alfred Doolittle : Donald Maxwell ; Mrs. Pearce : Lee Delong ; Freddy Eynsford-Hill : Ed Lyon
Avec le choeur du Châtelet et l’orchestre Pasdeloup.
Chef de coeur et assistant du directeur musical : Stephen Betteridge
En anglais, surtitré. Durée du spectacle : 3h10, dont 20mn d’entracte.