La production internationale du spectacle Otango a posé ses valises au Casino de Paris le week-end dernier, avant de poursuivre sa tournée en province et en Europe. Après le flamenco de Zorro, la capitale fait décidemment la part belle à la culture latine. Retour sur un monde où le tango est roi, à mi-chemin entre ballet et comédie musicale.
Le spectacle dégage une poésie et une sensualité à laquelle on ne peut rester insensible. Le rythme est soutenu, et Otango alterne avec intelligence les passages chantés et les séquences de tango pur, qui finissent par s’entrelacer dans un subtil mélange. Au niveau de la danse, les chorégraphies d’Adrian Veredice et Alejandra Hobert, qui forment également un des merveilleux couples d’Otango, proposent des duos techniques et sensuels, mais aussi des séquences où plusieurs couples effectuent les mêmes mouvements sous nos yeux ébahis.
Otango est introduit par une chanson interprétée par Sebastian Holz, dont on comprend malgré le texte en Espagnol qu’il va nous conter son histoire. Celle d’un homme qui a perdu, par ses errances, la confiance de celle qu’il aimait, et finit par commettre l’irréparable car il ne peut accepter cette séparation. Il finit par sombrer dans la folie, dévoré par l’espoir de la ressusciter. Parallèlement à cette trame, c’est bien de l’histoire du tango, star incontestable du spectacle, dont il est question, jusqu’à ce que ces deux destinées deviennent indissociables.
Le premier acte est parfaitement bien construit, et hormis les passages chantés, tout est chorégraphié. Par le tango, les danseurs expriment le désir, la colère, l’affrontement, la passion, la trahison… Il n’est nul besoin de mots pour observer l’évolution de l’idylle des deux protagonistes, jusqu’à sa déchéance. Le deuxième acte est un peu moins lisible, et un peu moins théâtral : le tango prend à ce moment sa pleine mesure, quitte à sacrifier la trame au profit de quelque chose qui ressemble davantage à un ballet. C’est d’ailleurs bien le seul très léger reproche que l’on pourrait faire à Otango, à savoir un certain manque de cohérence de l’ensemble.
Les deux chanteurs, Sebastian Holz (Grease, Frankenstein) et Claudia Pannone (Les Misérables, The Little Shop of Horror), sont parfaits et incarnent deux personnages aériens, représentant l’âme des personnages sous forme d’alter ego chantants. Leurs voix mélodieuses, parfaitement accordées, et leur jeu d’acteur donnent le souffle nécessaire au déroulement de l’histoire, sur des musiques interprétées avec brio par un orchestre de cinq musiciens. Le fait que les textes des chansons soient en Espanol n’est pas extrêmement pénalisant, bien qu’un surtitrage aurait été apprécié. Plus attendus au vu du titre du spectacle, les cinq couples de danseurs sont au diapason, exécutant les mouvements des plus faciles aux plus difficiles avec talent, affichant une envie et dégageant une émotion rares, subjuguant les spectateurs enthousiasmés devant tant de beauté.
Otango est un spectacle poétique, magique, aérien. Il peut sembler difficile d’accès pour les personnes qui seraient insensibles à cette danse si particulière, mais on ne peut s’empêcher de penser que même les plus sceptiques seraient conquis par tant de virtuosité, par cette mise en scène colorée et rythmée, devant cette danse qui nous montre qu’elle est capable d’exprimer toutes les émotions. Si Otango passe près de chez vous, on ne peut que trop vous conseiller d’aller découvrir ce chef-d’œuvre de poésie.
Crédits photos : Johanna de Tessières et Doron Chmiel (otango.com)
Otango
Conception et mise en scène : Olivier Tilkin & Sabrina Gentile Patti – Chorégraphies : Adrian Veredice & Alejandra Hobert – Scènographie : Leni Mendez & Olivier Tilkin – Direction d’acteurs : Leni Mendez – Direction musicale : Emiliano Greco
Danseurs : Adrian Veredice & Alejandra Hobert, Claudio Gonzalez & Melina Brufman, Paula Rubìn & Mariano Galeano, Christian Márquez & Virginia Gómez, Sabrina Masso & Fernando Gracia.
Chanteurs : Claudia Pannone et Sebastián Holz
En tournée dans toute la France : le 24 novembre à Amiens, le 25 novembre à Enghien, le 26 novembre à Tours, le 27 novembre à Poitiers, le 28 novembre Nantes, le 29 novembre à Bordeaux, le 1er décembre à Perpignan, le 2 décembre à Montpellier, le 3 décembre à Carpentras, le 4 décembre à Pau, le 5 décembre à Biarritz et le 6 décembre à Toulouse.
Le site internet officiel :http://www.otango.com/