Il est des artistes discret dont l’énorme talent ne fait guerre l’objet de grandes couvertures médiatiques mais pour qui la reconnaissance des professionnels du métier et le partage avec le public de ce talent et de cet amour de la scène compte beaucoup plus. A l’affiche de Passage en revue jusqu’au 25 avril au Théâtre de l’Archipel, Estelle Daniere fait partie de ces rare vrais artistes dans le sens le plus noble du terme.
Estelle Daniere est une "enfant de la balle", en quelque sorte. De mère également artiste, elle devient danseuse et comédienne dès l’age de 11 ans au Théatre des Bouffes Parisiens. Puis évolue en meneuse de revues à l’Acazar au Casino de Deauville, avec la tournée du Lido, au Bal de la Rose du Sporting Club de Monte-Carlo…et surtout la meneuse de revue des Folies Bergère dont elle fut historiquement la dernière !
Puis elle se retrouve sur les plus grandes scènes d’Europe, en Lina Lamont dans Chantons sous la Pluie, Sugar Kane dans Certains l’aiment chaud…mais aussi Fermina dans L’Homme de la Mancha.
Ce n’est pas un hasard si le "one woman show" d’Estelle commence et se conclut avec la chanson "Folies Bergère", extrait du musical Nine de Maury Yeston. Telle une jeune Liliane Montevecchi, elle annonce la couleur de son hommage très personnel et émotionnel au cabaret et au music-hall parisien. Même si le répertoire est empreinté en grande partie de celui d’une autre danseuse qui chante et qui a inspiré sa vocation (la grande Zizi Jeanmaire), il est aussi riche en incursions vers l’univers de Broadway avec trois excellentes traductions signées du metteur en scène Flannan Obé, principal protagoniste du musical La Nuit d’Elliot Fall (nominé aux Molières en 2011)
Les trois morceaux en question ? "Just in time" de Bells are Ringing (qu’Estelle vient de jouer en tournée) , "Everything’s Coming Up Roses" de Gypsy et "I’m Still Here" de Follies (traduit de manière appropriée par Pierre Philippe par Tenir).
Allant de Serge Gainsbourg à Claude Nougaro, en passant par Guy Beart, Jaques Prevert et Joseph Kosma ainsi qu’une adaptation de Kurt Weill et Brecht par Boris Vian, l’éclectique partie française reflète parfaitement le kaléidoscope émotionnel d’Estelle, à la fois danseuse expérimentée, comédienne avec retour sur elle-même et chanteuse vulnérable. A travers son "effeuillage musical" ou "strip-tease textuel" elle nous révèle son authentique talent de"Triple Threat" (chanteuse,danseuse,actrice) et l’amour profond qu’elle porte a son métier.
Magnifiquement accompagné au piano par Patrick Laviosa, compositeur du Cabaret des Hommes Perdus et de Panique à Bord, habillé par Jean-François Castaing et éclairé par Jaques Rouveyrollis, ce Passage en Revue est un voyage émotionnel autobiographique d’une artiste à découvrir ou à retrouver. A ne manquer sous aucun prétexte à l’Archipel tous les lundis à 19h30 jusqu’au 25 avril 2016 !
Passage en Revue, hommage au cabaret et au music-hall
Au Théâtre de l’Archipel – Salle rouge
17 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Du 1er février au 25 avril 2016.
Les lundis. Horaires : 19h30 Tarifs : De 12 à 22 euros.
Mise en scène : Flannan Obé ; Musiques de Yeston, Gainsbourg, Béart, Nougaro, Ferrat, Kosma, Weill, Sondheim…
Avec Estelle Danière et Patrick Laviosa (piano)