Qu’on se le dise, l’année 2013, sera l’année Édith Piaf. On commémorera en effet les 50 ans de disparition de la chanteuse. Divers projets dans le domaine de la variété sont d’ores et déjà annoncés (Patricia Kaas chante Piaf, à l’Olympia). Jacques Pessis (Pierre Dac, le parti d’en rire ; Brel de Bruxelles aux marquises) n’a pas attendu un anniversaire pour rendre hommage à la Môme. Créé en 2005 et nommé aux Molières en 2006, Piaf – Une vie en rose et noir, a été joué dans le monde entier (dont à l’exposition de Shanghai en 2010) et revient au théâtre Daunou à Paris dans une version actualisée.
C’est avec une certaine appréhension que je me rendais à cette représentation. Il faut dire que le dernier spectacle de Jacques Pessis consacré à son mentor, Pierre Dac, le parti d’en rire, ne m’avait pas vraiment convaincu. Mais dès les premières minutes, mes craintes se sont dissipées et ont laissé place à la surprise de découvrir Nathalie Lhermitte dans le rôle de Piaf.
C’est une interprétation toute en subtilité que donne la chanteuse. En effet, durant la première partie, elle ne cherche pas à imiter la môme Piaf (alors qu’elle excelle en la matière). Elle se contente de l’évoquer avec sa "vraie voix", tout en conservant quelques gimmicks vocaux. Cet habile parti-pris évite à Nathalie Lhermitte de tomber dans la caricature ou de donner au spectacle un coté "show humoristique d’imitation".
Avec Aurélien Noël à l’accordéon pour seul musicien, il a fallu réarranger les chansons d’Édith Piaf. Si certaines peuvent paraitre déroutantes voire mornes ("Mon Légionnaire"), la majorité s’adapte très bien à la réécriture pour accordéon. Mention spéciale à l’arrangement du titre "Les Trois Cloches" qui, en proposant une autre direction, réussit à faire oublier les chœurs des Compagnons de la Chanson.
Je reste plus réservé quant à la création lumières. En effet, beaucoup de tableaux paraissent trop sombres. Je sais bien que le spectacle est sous-titré "Une vie en rose et noir". Mais ici, le rose se fond dans le noir. Même sur des chansons enjouées, comme "Milord", la scène reste dans la pénombre.
Peut-être trouverez-vous que les interprètes sont meilleurs en musique qu’en comédie et que Jacques Pessis n’est pas vraiment un acteur né. Mais qu’importe! Ce dernier a inventé la biographie musicale au théâtre et c’est très réussi : on a l’impression de tourner les pages d’un livre consacré à Piaf.
Un dernier conseil : si vous êtes placés en orchestre, regardez, pendant la seconde partie, le reflet de l’interprète principale dans un des deux miroirs disposés de chaque coté sur les murs de la salle. Peut-être, la magie fera son effet et vous aurez, tout comme moi l’impression de vivre un moment privilégié.
Piaf, une vie en rose et noir de Jacques Pessis,
Avec des chansons d’Edith Piaf
Du Mardi au Samedi à 21h ; Matinée le Samedi à 17h
Au Théâtre Daunou
7 rue Daunou
75002 Paris
Mise en scène : Nathalie Lhermitte
Avec Jacques Pessis, Nathalie Lhermitte et Aurélien Noël
Accordéon : Aurélien Noël
Réservations dans les points de vente habituels