Dans le salon de coiffure d’Alice, belle et mystérieuse patronne, Marguerite, la coiffeuse modèle, Gaby qui rêve de devenir vedette, et Héloïse, stagiaire rebelle, vivent leurs petits et grand tracas au rythme des visites de Capucine, une cliente stressée et stressante. Les jours défilent et dévoilent un peu plus les rêves, les humeurs, les petites folies de ces cinq jeunes femmes…
Dans son théâtre, Justine Heynemann met souvent en scène des femmes simples que leurs failles et leurs destins rendent plus fortes (Louison de Musset, Andromaque de Racine, Les cuisinières de Goldoni, Je vous salue, Mamie de et avec Sophie Artur).
Encore une fois, avec Rose Bonbon, dont elle signe le livret, elle fait des ces filles-là, populaires, intelligentes, touchantes et séduisantes, les héroïnes de son histoire. Elle construit une chronique à la Vénus Beauté institut, qui derrière un ton léger et moderne dévoile petit à petit des failles profondes et pose une question essentielle : comment passer de ses rêves de petites filles (et de petit garçon, parce que finalement, ce sont les mêmes) à la réalité ?
La réussite de la narration est de n’être jamais grave, notamment grâce au recours à la musique et à la chanson comme un moyen de rendre les choses plus légères (un effet qui a fait ses preuves dans les précédents mises en scènes d’Heynemann). Non pas, comme dans la comédie musicale classique, en tant qu’illustration ni sur-lignage de l’action, mais plutôt comme un prolongement poétique. Les chansons, admirablement écrites par Sonia Leplat sur une musique joliment pop de Laurent Madiot, apportent un décalage léger et agréable tout en appuyant le message : "Tous les grains sont des brèches, selon le poids qu’on leur donne !". La pièce s’autorise en outre deux très belles reprises de Gainsbourg et Peggy Lee.
Si on peut regretter parfois l’absence d’une orchestration plus riche, la mise en scène fait de l’unique musicien, guitariste à l’allure de bogosse sorti d’un clip des années 90, l’image de l’Homme rêvé, de celui qui passe devant la boutique sans jamais vraiment s’arrêter, de tous les hommes en sorte. Il faut reconnaître que Justine Heynemann joue intelligemment avec la théâtralité et les "codes" classiques : entrée et sortie de scène à vue de ce musicien, arrêt sur image, miroir sans miroir, aparté direct au public, jeux qui frôlent parfois avec le burlesque et la caricature… Mais c’est pour mieux nous surprendre quand les masques tombent et que les personnages, riches et complexes, parfois même dignes d’Almodovar, dévoilent devant nous toute leur fragilité.
Les comédiennes, même si elles ne sont pas toujours égales dans leur interprétation et leur brin de voix, s’en donnent à cœur joie et apportent vie à ses personnages tout en finesse et en surprises. Manquait peut-être simplement, hier soir, un public pour leur donner un vrai retour et leur permettre, dans cette (trop) grande salle, de trouver le rythme juste.
Soyons honnête, on ressent parfois le manque de moyen de la production : les costumes manquent de sophistication, les lumières pourraient gagner en audace et en précision, et les chorégraphies mériteraient d’être retravaillées avec une plus grande attention. Mais cela n’empêche pas de passer un très agréable moment, intelligent, divertissant, sensible et drôle…Un petit bonbon acidulé que nous vous invitons à croquer au plus vite !
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Rose Bonbon au Théâtre Musical Marsoulan jusqu’au 12 Avril 2009.
Le jeudi à 21H30, ls dimanche à 19H30.
TEXTE et MISE EN SCENE de Justine HEYNEMANN / Chansons : Sophie LEPLAT – LAURENT MADIOT
Avec Noëmie DALIES, Magaly GODENAIRE, Vanessa GUIDE, Sarah OLIVIER, Rachel SUISSA, Lucas VALERO.