Critique : « Sleepin Bee » au Théâtre Michel

Temps de lecture approx. 4 min.

Comme nous vous l’avions annoncé, le Théâtre Michel prévoit deux représentations exceptionnelles du spectacle de Frank Harscouët, Sleepin Bee, le 17 et le 31 mars.  Le spectacle reprend des musiques de Broadway des années vingt et de Barbra Streisand. Musical Avenue est allé à la première représentation de ce spectacle haut en couleur et en note mais on ne peut pas s’empêcher de ressentir qu’il y manque quelque chose.

Dès le placement des spectateurs dans la salle, on le plonge dans un décor qui ressemble à un bijou. Intimiste, chaleureux, séduisant jusque dans le moindre détail, un petit cirque ambulant plongé dans des contrastes de couleurs chaudes et froides, une idée de l’ambiance à venir. Le spectateur n’a pas encore fini de s’installer qu’il assiste déjà aux aller-et-retours des artistes de ce cirque dans leurs coulisses. Et il se laisse aller à croire à la promesse d’un petit bijou de spectacle.

C’est un tour de chant. Magistral. Bien qu’inégal. Les deux numéros qu’on retient entre autres et qui nous filent la chair de poule sont  "Don’t rain on my parade" and "The minute waltz". Le parti pris est pourtant rude au milieu de cette douceur des costumes, du décor et des notes bien maintenues. Difficile de s’immerger dans l’histoire. Il n’y en a pas. Aucun dialogue, aucune histoire. C’est un spectacle d’ambiance. C’est un spectacle d’états d’âme. On sait que l’on est à l’arrière d’un cirque au milieu des loges improvisées des danseurs, jongleurs, on sait qu’ils ne sont pas satisfaits de leur condition, qu’ils sont malheureux, parfois c’est le manque de célébrité, parfois c’est l’amour qui leur manque. Ils essayent de partir, une fois, deux fois. Et voilà, on a fait le tour de l’histoire.

Les chansons sont émouvantes. Elles ne sont pas toutes extrêmement connues, il faut être fan des comédies musicales des années vingt ou incollable sur les nombreux albums de la diva Barbra pour toutes les identifier, mais on sent qu’elles sont touchantes, on sent qu’elles sont censées raconter quelque chose. Mais on ne leur donne pas le moyen de nous montrer quoi. Il manque une voix aux chansons pour s’exprimer véritablement. Et pour insérer cette goutte d’émotion qui nous fera déborder le vase, et nous fera frissonner. C’est un enchaînement d’états d’âme qui se ressemblent. Tous semblent souffrir de la même douleur. On les chante mais à aucun moment on les fait évoluer. Ils ne se retrouvent pas confrontés à quelque chose qui les extirperait de leur mélodieux cocon. Le spectateur manque de repères, juste un peu de contextualisation dans les rapports entre les différents personnages ou une évolution dans leur caractère, aurait peut-être suffi à délimiter un cadre au spectateur pour qu’il puisse s’y épanouir et que les merveilleuses chansons proposées puissent faire résonner en lui quelque chose qui se rapporte à sa propre histoire…

C’est un tour de chant. Magistral. Oui. Mais aussi un véritable tour de force des musiciens et de la direction musicale. Ils ont réellement su s’approprier ces morceaux et nous les délivrer dans une langueur nonchalante qui rappelle les moments de contemplation, quand on parle à son âme. Naturellement, puisque c’est un spectacle d’états d’âme. 


Sleepin’ Bee

Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008 PARIS
M°Madeleine / M°Havre-Caumartin

Les Lundis 17 & 31 mars à 20H30
 
Produit par : Le Théâtre Michel et Les Productions de la Fabrique
Conçu et mis en scène par : Frank Harscouët

Direction musicale et arrangements : Christophe Houssin
Direction vocale : Mirande Crispin
Chorégraphies : Sébastien Savin
Décors : Sébastien Barbaud
Costumes : Stéphane Delaurent
Lumières : Eric Charansol

Avec : Astou Malva Gueye, Philippe D’Avilla, Amala Landré, Malaurie Duffaud, Haykel Skouri et Julien Le Nagard

Image de Margot Capespine

Margot Capespine

Etudiante en cinéma, c'est ce dernier qui m'a mené à la comédie musicale en visionnant les perles de l'âge d'or d'Hollywood. Le virus s'est développé avec une passion pour la version spectacle vivant de ce genre, jusqu'à envahir ma vie professionnelle puisque je produis les spectacles et parades d'un célèbre parc d'attractions dans l'est parisien. J'ai rejoint Musical Avenue et sa merveilleuse équipe en 2013 par envie de développer la légitimité et la popularisation de ce genre qui mérite d'être incontournable à Paris.
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