Encensé par le public et la critique en 2009, la comédie musicale The Sound of Music (La Mélodie du Bonheur) revient à Paris pendant les fêtes. Malgré un remaniement de la troupe, c’est bien la même production (en anglais sur-titré) qui est présentée au Théâtre du Châtelet jusqu’au 1er janvier. Et le moins qu’on puisse dire c’est que le spectacle a encore gagné en qualité. Tout simplement formidable !
Une comédie musicale digne de Broadway
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la production française de The Sound of Music proposée par le Théâtre du Châtelet est très certainement l’une des plus belles versions du spectacle de Rodgers & Hammerstein qu’il nous ait été donné de voir. D’abord par la qualité des décors et des lumières, de la mise en scène et des costumes, mais surtout et avant tout grâce à la performance de la distribution, éblouissante.
La soprano Katherine Manley remplace au pied levé Sylvia Schwartz dans le rôle de Maria, avec un timbre de voix très proche et une interprétation vocale irréprochable. Peu habituée aux comédies musicales, elle s’en sort plutôt bien au niveau de son jeu d’actrice même si elle délivre ses lignes à un débit parfois bien trop rapide (défaut qui pourra être vite corrigé au fil des représentations), faisant tomber à plat certains moments supposés comiques ou d’émotion.
Une distribution encore meilleure ?
Si William Dazeley fait à peine aussi bien que son prédécesseur, Rod Gilfry (vocalement correct mais peu charismatique), c’est surtout la qualité vocale des personnages secondaires qui impressionne. Disons les choses telles qu’elles sont : la troupe de 2011 de The Sound of Music est bien au-dessus de celle de 2009. Lisa Milne (la Mère Abbesse) porte magnifiquement "Climb Every Moutain", quand Kim Kriswell – pourtant rompue à l’exercice des musicals de Broadway – peinait à sortir les notes requises par son rôle.
Ceux qui craignaient que la nouvelle Liesl de Rebecca Bottone (Sweeney Todd ; A Little Night Music) paraisse trop âgée pour le rôle de l’aînée des enfants Von Trapp oublieront vite leurs inquiétudes en l’entendant chanter, tout en douceur et conviction. Déjà présente dans la troupe il y a deux ans, Christine Arand (My Fair Lady) forme un remarquable tandem avec Nicholas Garrett, impeccable dans le rôle de Max Detweiler en particulier sur le très plaisant duo "How Can Love Survive?".
Si certains critiqueront le choix du Théâtre du Châtelet d’employer principalement des artistes lyriques issus du monde de l’opéra, force est de constater que cette version du spectacle de Rodgers et Hammerstein atteint des sommets grâce à sa distribution au diapason et visiblement très heureuse de s’essayer à la comédie musicale.
Le public parisien en redemande
Difficile en tout cas de rester insensible quand on ajoute à cela de beaux décors colorés, des chansons indémodables (merci Julie Andrews et le film La Mélodie du Bonheur), des moments d’émotion poignants (absolument mémorable lors de la dernière performance de la famille Von Trapp) et un orchestre Pasdeloup dirigé par Kevin Farrell en état de grâce. Malgré son histoire légèrement sirupeuse, c’est sûr, The Sound of Music version Châtelet a déjà fermement marqué de son empreinte l’histoire de la comédie musicale française. Et à en témoigner la standing ovation réservée aux artistes en fin de spectacle, ce n’est pas prêt de s’arrêter. Encore !
The Sound Of Music – La Mélodie du Bonheur
Du 7 décembre 2011 au 1er janvier 2012 au Théâtre du Châtelet
Direction musicale : Kevin Farrell ; mise en scène : Emilio Sagi ; décor : Daniel Bianco ; chorégraphie : Sarah Miles ; costumes : Jesús Ruiz ; lumières : Caetano Vilela.
Avec : Katherine Manley (Maria Rainer), William Dazeley (Capitaine Georg von Trapp), Lisa Milne (Mère Abbesse), Christine Arand (la Baronne Elsa Schraeder), Nicholas Garrett (Max Detweiler), James McOran-Campbell (Rolf Gruber), Rebecca Bottone (Liesl Von Trapp)
Musique : Richard Rodgers
Lyrics : Oscar Hammerstein II
d’après le livre de Howard Lindsay et Russel Crouse, inspiré de The Trapp Family Singers de Maria Augusta Trapp
Orchestre Pasdeloup
Choeur du Châtelet
Spectacle présenté en version anglaise sur-titrée
Crédit photos : Marie-Noëlle Robert