La note de la rédaction : MMMM
Un spectacle de Jérôme Savary
au CASINO DE PARIS
16 rue de Clichy
75009 PARIS
Du 13/05/2008 au 10/08/2008
Dans la salle, ça cafouille un peu : soir de première, les placeurs n’ont pas encore l’habitude de la toute nouvelle configuration "cabaret" de la salle, avec ses tables éclairées par de jolies lampes rétro.
Sur scène, c’est tout autre chose : le show, hyper dense, rondement mené, va enchaîner pendant deux heures plusieurs dizaines de tableaux, du Paris des années 1930 à la Nouvelle Orléans dévastée par l’ouragan Katrina.
Prenant le prétexte de monter sur scène une l’adaptation de la fameuse "Revue Nègre" dont Joséphine Baker était la vedette, Savary nous raconte l’histoire de la musique Noire, et à travers elle, l’Histoire de tout un peuple. Le témoignage poignant du vieux Joe plonge le spectateur dans les plus terribles épreuves qu’ont vécues ses ancêtres, successivement esclaves, victimes du racisme, proies du Ku Klux Klan, musiciens de jazz…
Dans ce récit, les personnages Blancs font tâche : les occidentaux y sont des clowns précieux et grandiloquents qui rappellent maladroitement les caricatures que l’on peut voir dans les séries TV made in U.S.A dont les héros sont des Américains noirs.
Ainsi, la première partie du spectacle n’arrive jamais à choisir entre le tragique ou le ridicule, et le show n’arrive pas à décoller, desservi par un entracte qui arrive bien trop tôt.
Le second acte en revanche glisse avec intelligence dans la revue de cabaret pour le plus grand plaisir du public. Les numéros s’enchaînent à un rythme soutenu et on n’oppose aucune résistance à se laisser emporter par le talent phénoménal de la jeune interprète principale, Nicolle Rochelle. Elle parvient à faire ressusciter Joséphine Baker sous nos yeux, et le Casino de Paris tout entier revit de la magie qui l’animait dans les années 1930, lorsque la "vraie" Baker y menait sa revue.
La jeune femme est à la fois une chanteuse époustouflante, dont le timbre rappelle à merveille les voix du début du siècle dernier, et une danseuse qui excelle dans la reproduction des gestes si caractéristiques de son personnage.
Le reste de la troupe au grand complet se révèle être incroyablement talentueux, des danseurs de claquette au jazz-band, dont la majorité des membres ont été recrutés à la source : à la Nouvelle Orléans.
Si l’on s’y perd parfois au milieu des allers-retours incessants entre passé et présent imposés par la narration, "À la recherche de Joséphine" est tout de même un vrai bon moment de music-hall, avec son lot de surprises, d’effets spéciaux, et même d’animaux-acteurs !
Et puis, entre nous : qui pourrait refuser une invitation à revivre, le temps d’une soirée, la plus célèbre revue de Joséphine Baker ?